Ces dernières années, cette nouvelle profession fait son apparition sur les lieux de tournage afin de garantir que les scènes de nature intime sont convenues et acceptées par les acteurs. Cela a pour effet de modifier certaines pratiques.
Le collectif 50/50 contribue à faire progresser la parité et la diversité dans le secteur cinématographique français depuis cinq ans. Au cours de sa réunion du lundi 11 décembre, le collectif a débattu notamment de la question du « coordinateur d’intimité », une fonction nouvelle mais qui gagne à présent en visibilité et en acceptation.
Le rôle du coordinateur d’intimité est fondamental, notamment lors des tournages de scènes comportant de l’intimité, du sexe ou de la nudité. Il ou elle veille à ce que ces scènes fassent l’objet de discussions préliminaires et reçoivent le consentement des acteurs et actrices participant à celles-ci. Cette profession est en cours d’adoption en France, notamment par l’intermédiaire de professionnels comme Monia Aït El Hadj qui travaille principalement sur des productions anglo-saxonnes tournées en France. Elle voit avec satisfaction arriver de nouvelles collègues à ses côtés, bien qu’elle admette qu’il reste encore du chemin à parcourir, surtout pour combler les lacunes en termes de connaissances et de compréhension de cette profession.
Le rapport du réalisateur avec le corps des comédiens.
Dans d’autres régions du monde, le métier de coordinateur d’intimité est devenu courant, tandis qu’en France, des préjugés à propos d’un prétendu puritanisme subsistent. Mia Hansen-Love, réalisatrice française, a parlé au printemps de « police de la vertu ».
Marine Longuet, assistant réalisateur et administrateur du collectif 50/50, explique cependant que les scènes intimes, qui ne sont pas anodines pour les acteurs et surtout les actrices, ne sont souvent pas assez préparées. Elle estime que le rapport entre le réalisateur et le corps des comédiens a longtemps été considéré comme une part intouchable du processus de création, ce qui est complètement inapproprié car la réalisation d’un film est un travail collaboratif.
Il faut « sortir l’intimité d’un espèce de face-à-face parfois toxique entre quelqu’un qui réalise et quelqu’un qui jouerait », soutient Marine Longuet.
Il est impératif de ne pas confondre le rôle du coordinateur d’intimité avec celui de référent sur les violences sexuelles et sexistes, surtout en ce moment avec les nombreuses accusations portées contre l’acteur Gérard Depardieu.
Cependant, Marine Longue estime que la mise en place de ces rôles différents contribuera essentiellement à construire un nouvel environnement de travail plus sûr et plus sain, en poursuivant la dynamique du mouvement #MeToo. « L’amélioration de la prise en compte de l’intimité encourage les gens à réfléchir. Plus on est conscient, plus on respecte les droits du travail et des individus, l’intégrité et le consentement », met-elle en avant.
Enfin, plusieurs actrices s’accordent à dire que la réflexion nécessaire pour aborder ces scènes intimes pourrait permettre de les représenter différemment à l’écran, permettant de rompre avec une vision stéréotypée et désuète.