Mardi dernier au soir, le leader de la nation a également invité ses invités à se rallier autour du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, afin de collaborer ensemble pour une révision globale du document.
L’option du 49.3 n’est pas envisagée, ni celle de la dissolution, tout le monde devra « assumer ses responsabilités ». C’est la position tranchante qu’a adoptée Emmanuel Macron le mardi 12 décembre lors d’un dîner à l’Elysée. Il s’agissait de la troisième réunion d’urgence en moins d’une journée, suite à la motion de rejet des députés contre son projet de loi relative à l’immigration, un véritable affront pour le gouvernement qui a eu lieu lundi après-midi à l’Assemblée.
Le président de la République avait décidé plus tôt dans la journée d’envoyer le texte à une commission mixte paritaire (CMP), organe composé de sept députés et sept sénateurs, dont l’objectif est de rechercher un consensus qui pourrait être voté dans les assemblées. Durant la soirée à l’Elysée, où un repas à base de fruits de mer était servi, tous les éventuels scénarios ont été méticuleusement analysés.
Première possibilité : la CMP est concluante. Les députés et les sénateurs réussissent à trouver un accord sur un texte. Dans ce cas, « chacun assumera ses responsabilités lors du vote à l’Assemblée », déclare Emmanuel Macron, d’après les propos recueillis auprès des personnes présentes au dîner. Il affirme être prêt à suivre complètement la procédure parlementaire et écarte l’idée d’utiliser l’article 49.3. « Hors de question », assène le chef de l’Etat. Pareil pour une dissolution, une idée qu’Emmanuel Macron réfute avec véhémence.
« Si certains autour de cette table pensent que la dissolution est une bonne solution, je leur dis clairement qu’ils se trompent et je leur demande de cesser, » partage Emmanuel Macron lors du dîner à l’Elysée.
Deuxième option : si la CMP n’arrive pas à un accord, députés et sénateurs n’arrivant pas à trouver un terrain d’entente, alors, cette loi sur l’immigration sera tout simplement laissée de côté, a confirmé le président de la République. Non sans regret cependant, car Emmanuel Macron insiste, ce texte a pour but la protection des Français.
« Il n’y a pas de succès en solo, seulement des échecs en groupe »
L’autre message transmis aux convives est sans équivoque : « Il n’y a pas de succès en solo, seulement des échecs en groupe ». Comprendre : il faut maintenant s’unir autour du ministre de l’Intérieur. Plus question de parler de l’échec « individuel » de Gérald Darmanin, qui avait fait du passage de ce texte un challenge personnel. Après avoir refusé sa démission sans pour autant le soutenir ouvertement, Emmanuel Macron souhaite maintenant un rassemblement collectif autour de cette loi, rapporte un invité.
Mercredi matin, Gérald Darmanin avait planifié une séance photo à Calais, un peu comme celle de la veille dans un commissariat du Val-de-Marne. Finalement, il reste à Paris pour rencontrer, en compagnie d’Elisabeth Borne, les présidents des groupes de la majorité et des Républicains au parlement. Fini le solo, place à un effort collectif, qu’Emmanuel Macron considère même comme solennel. En résumé : c’est à prendre ou à laisser. Et ce qui se joue, c’est sa capacité à diriger le pays et à poursuivre son action.