Emmanuel Macron a instruit le gouvernement de poursuivre ses efforts sur la question de l’engagement des agriculteurs, tout en restant en retrait de ce sujet.
L’agitation et l’activisme des agriculteurs gagnent du terrain en France. Le principal syndicat, la FNSEA, menace d’organiser d’autres manifestations en absence de réponses rapides du gouvernement. Le gouvernement s’engage, lui, à annoncer des mesures d’ici la fin de la semaine.
« Nous avons bien reçu le message de détresse des agriculteurs et nous allons continuer à leur répondre » : voilà les propos tenus à la sortie du Conseil des ministres du mercredi 24 janvier. Les mesures annoncées devront probablement attendre vendredi, jour prévu pour le déplacement de Gabriel Attal. En attendant, Matignon poursuivra ses consultations. « Il est important d’écouter pour mieux agir, c’est notre approche », disent les proches du Premier ministre.
« Des décisions vont être dévoilées très prochainement »
Cette semaine, le Premier ministre a rencontré divers représentants agricoles, dont la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, la Coordination rurale, la Confédération paysanne. Mercredi à 19h, un autre syndicat, le Modef – le Mouvement de défense des exploitants familiaux – a aussi été invité à s’entretenir.
Le gouvernement, par la voix de sa porte-parole Prisca Thévenot, travaille à obtenir un accord commun : « Il serait malvenu de se montrer hautaine aujourd’hui, je veux seulement souligner une vérité. Il est impératif de réagir, mais il serait vilain que cette nécessité de réponse ne devienne qu’une injonction médiatique. Oui, les discussions sont en cours, oui nous avons commencé à élaborer nos plans. Des annonces sont à prévoir très bientôt car nous ne pouvons pas différer. Nous devons aborder tous les sujets sans exception. »
Nous ne connaissons pas encore la nature exacte de ces annonces. Elles devraient comprendre une simplification des réglementations, sans doute un plan concernant le gazole non routier – le GNR – qui est l’un des principaux sujets d’inquiétude des agriculteurs. Mais l’essentiel pour le gouvernement réside dans la compréhension des revendications. « Il est nécessaire de trouver des solutions qui font consensus, les attentes varient en fonction des régions », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. Le gouvernement précise, mercredi matin, qu’il ne s’agit pas d’empêcher les blocages : ces manifestations sont organisées dans le cadre légal.
Emmanuel Macron demande à ses préfets une présence active sur le terrain
Emmanuel Macron soutenait la vision d’une France du pragmatisme, pas celle de la complication durant sa conférence de presse la semaine dernière. Il critique les administrations qui semblent travailler pour elles-mêmes et demande une simplification des procédures. Le président de la République s’est contenté de formuler son soutien, mardi, par tweet à la famille d’une agricultrice décédée lors d’un blocage dans l’Ariège. Mercredi matin, il a appelé son gouvernement à maintenir ses efforts sur ce dossier.
En dehors de cela, Emmanuel Macron se tient à distance. Il a demandé aux préfets, vendredi dernier, de se rendre sur le terrain. « Il porte une attention particulière à ce sujet, il a fait preuve de cohérence depuis sept ans », dit l’Elysée qui loue son lien avec le secteur agricole mais se refuse à toute comparaison avec le mouvement des gilets jaunes ! L’agenda diplomatique et international du président de la République est riche : l’Inde en fin de semaine, la Suède la semaine prochaine, puis un Conseil européen à Bruxelles, où le président de la République a demandé que le sujet de la simplification des normes, qui concerne les agriculteurs, soit inscrit à l’ordre du jour.