Le report d’une semaine du Conseil des ministres de rentrée fait renaître les spéculations sur une éventuelle réorganisation du gouvernement, dans un contexte où la majorité actuelle est sous tension et attend des actions déterminantes de la part d’Emmanuel Macron.
Un certain désordre règne au sommet de la hiérarchie politique française suite au décalage imprévu du Conseil des ministres initialement prévu pour le mercredi 3 janvier. L’éventualité d’une réorganisation gouvernementale se dessine, mais dans quel but exactement ? Emmanuel Macron, le président de la République, avait formulé des vœux de « détermination, d’action, d’efficacité et de résultats ». Les forces de la majorité attendent désormais des actions concrètes et des éclaircissements.
Après le choc de la loi sur l’immigration en décembre, les députés naviguent aujourd’hui à vue. Les congés de Noël se prolongent et le retard du Conseil des ministres alimente les spéculations sur une éventuelle restructuration gouvernementale. Un parlementaire Renaissance insiste, pour 42mag.fr, sur la nécessité de faire « un grand nettoyage » et parle même de « remplacer les ministres technocrates par de véritables politiques prêts à agir et à oser ».
En quête d’une décision marquante
Un soutien indéfectible de la majorité modère les choses en disant : « plus on en parle, moins ça se produit ». Selon lui, l’emploi du temps ne permet pas d’apporter des changements pour le moment. Pas avant la mi-janvier, dit-il, alors que le verdict concernant les accusations de favoritisme à l’égard du ministre du Travail Olivier Dussopt est prévu pour le 17 janvier. De plus, en changeant l’équipe, c’est essentiellement le chef d’équipe qui est changé. Qui pourrait alors prendre la place d’Élisabeth Borne ? Face à la loi sur l’immigration qui la perturbe encore, une députée gauche prévient : « Si un Premier ministre de droite est nommé, je ne vois pas comment rester au sein de la majorité ».
Emmanuel Macron, bien qu’affirmant lui-même la présence d’une direction claire pour l’année à venir, caractérisée par une « année de détermination » et de « fiertés françaises », les députés espèrent encore une concrétisation. « Mener des actions significatives, déclare un élu Renaissance, par exemple concernant le logement ou la santé. Le projet de loi proposant d’inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution sera débattu à l’Assemblée nationale fin janvier. Si cela passe, ce serait un « signal fort pour réaffirmer que nous sommes progressistes, explique un élu. Nous avons besoin d’actions plutôt que de discours. »
Rassurer une majorité mise à l’épreuve
Le calendrier est restreint et peu d’opportunités se présentent, entre les élections européennes et les Jeux olympiques notamment. Mais une autre tâche prioritaire est identifiée par ce député : renforcer l’unité de la majorité, mise à mal par la succession de la réforme des retraites et du débat sur la loi immigration. « Il incombe au chef d’État de venir nous soutenir. Nous avons besoin de plus d’attention ! Il faut prendre soin de son équipe, la rassurer, lui montrer qu’elle compte… Qu’on soit reçu à l’Élysée, comme le faisait François Hollande à son époque. » Une séance de renforcement moral s’avère nécessaire pour une majorité qui, en 2024, ne sera toujours pas majoritaire.