En s’inscrivant dans la continuité du « Tambour » ou encore du « Mariage de Maria Braun », « Stella, une vie allemande » propose une nouvelle exploration de Berlin à l’époque de la Seconde Guerre mondiale.
Dans son film Stella, une vie allemande, le cinéaste allemand Kilian Riedhof dépeint la vie de Stella Goldschlag, collaboratrice active de la Gestapo à Berlin de 1943 à 1945. Bien que des œuvres cinématographiques comme Le Tambour de Volker Schlöndorff ou Le Mariage de Maria Braun de Reiner Werner Fassbinder aient abordé la période, elles se concentrent sur des personnages fictifs. Au contraire, Stella Goldschlag, également connue sous le nom de Stella Kübler (1922-1994), est une figure historique. Son histoire amène le film à traiter du thème rarement traité à l’écran de la délation.
Une existence hors du commun
À Berlin en 1943, Stella, juive et aspirante chanteuse de jazz, complète ses revenus en fabriquant des faux documents et en travaillant occasionnellement comme prostituée. Toutefois, sa vie bascule lorsqu’elle est arrêtée et torturée par la Gestapo qui lui exige de dénoncer les Juifs de sa connaissance. Craignant d’être expédiée à Auschwitz avec ses parents, elle commence à dénoncer non seulement son entourage mais aussi des groupes entiers de Juifs cachés dans Berlin. Arrêtée par les Soviétiques, elle est condamnée à dix ans de prison en URSS. Lorsqu’elle rentre à Berlin en 1957, elle est à nouveau condamnée à la même peine, mais étant donné qu’elle l’a déjà purgée en URSS, elle est libérée. Seule et répudiée par la société, elle finit par se suicider en 1997, à l’âge de 72 ans.
Stella, une vie allemande est un film qui explore la culpabilité. Stella, interprétée par une Paula Beer impressionnante, admet : « je n’ai jamais eu une vie normale« . Arrêtée, torturée, emprisonnée, manipulée par la Gestapo, devenue délatrice à la vue de tous sous le surnom de Greifer (la griffe), Stella Goldschlag voit son destin dévoilé avec une certaine compassion, tout en reconnaissant ses fautes, dans l’œuvre de Kilian Riedhof.
Entre juge et victime
Paula Beer incarne brillamment ce rôle exigeant qui alterne entre instants de glamour et de détention, tout en incarnant une gamme d’émotions allant de l’amour à la peur, de la contrainte à l’acceptation de son rôle. Kilian Riedhof opte pour une mise en scène classique qui convient au sujet, sans jamais négliger les éléments émotionnels.
Stella, une vie allemandes’attaque à un aspect de l’histoire rarement représenté à l’écran, peut-être même pour la première fois, à travers le destin de Stella Goldschlag. En racontant l’histoire d’une vie qui ne lui appartient plus, une vie de juge et de victime, le réalisateur Kilian Riedhof traite ce thème avec empathie et douceur. Il présente Stella comme une victime de la pression de la Gestapo, sans chercher à la réhabiliter. Stella, une vie allemande éclaire un aspect méconnu de l’histoire et ne manque pas de susciter l’émotion.
Fiche technique
Genre : Drame historique
Réalisateur : Kilian Riedhof
Acteurs : Paula Beer, Jannis Niewöhner, Katja Riemann, Lucas Miko, Bakim Lafiti
Pays : Allemagne
Durée : 2h01
Date de sortie : 17 janvier 2024
Distributeur : Kinovista
Attention : certaines scènes, propos ou images peuvent être choquants pour certains spectateurs.
Synopsis : Stella, qui grandit à Berlin sous le régime nazi, rêve d’une carrière de chanteuse de jazz malgré les restrictions de l’époque. Contrainte à se cacher avec ses parents en 1944, sa vie vire au drame. Inspiré de la véritable histoire de Stella Goldschlag.