Des célébrités telles que Gael García Bernal et Rooney Mara, une récompense pour Scorsese, le come-back des cinéastes Abderrahmane Sissako, Bruno Dumont ou Hong Sang-Soo : la Berlinale ouvre ses portes jeudi en accueillant des figures emblématiques du 7ème art tout en tentant de maintenir un précaire équilibre politique.
La 74e édition de la Berlinale, qui se tient du 15 au 25 février 2024, se déroule dans un climat international tendu après quatre mois de conflit au Moyen-Orient. Le festival accueillera, comme chaque année, des personnalités du monde du cinéma, dans un mélange habile de cinéma indépendant et populaire. Des personnalités telles que Martin Scorsese, la star mexicaine Gael García Bernal, l’actrice américaine Rooney Mara, le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako et le Français Bruno Dumont seront présentes.
Le contexte actuel s’infiltre dans le programme du festival
Le paysage politique national et international se fait une place dans ce festival, traditionnellement considéré comme un « espace de dialogue et d’intégration » dans un monde en proie à des affrontements. La cause de cela est l’annulation de l’invitation à des politiciens du parti d’extrême-droite allemand, Alternative pour l’Allemagne (AfD), alors que des centaines de milliers d’Allemands ont récemment manifesté contre les idéologies radicales du parti. Cette décision a provoqué des protestations parmi les professionnels du cinéma en Allemagne. La Berlinale a réagi, en exprimant son inquiétude face à l’augmentation de l’antisémitisme, de l’islamophobie, des discours de haine et d’autres comportements antidémocratiques. L’AfD a critiqué cette réaction en la qualifiant « d’exclusion ».
L’Allemagne a affirmé son soutien à Israël suite à l’attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamique palestinien Hamas sur le territoire israélien, et à la guerre qui s’en est suivie entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. En janvier, une campagne de boycott menée par des artistes, dont la lauréate du prix Nobel de littérature française Annie Ernaux, a été lancée contre les institutions culturelles allemandes, accusées de réprimer les voix palestiniennes. La Berlinale assure ne pas être affectée par ce boycott, contrairement à d’autres événements culturels à Berlin qui ont subi des annulations.
Ces sujets feront écho sur l’écran. Entre un film allemand en compétition qui traite de la résistance face au nazisme, et une relecture de ‘Rhinocéros’ d’Eugène Ionesco par Amos Gitaï, figure majeure du cinéma israélien, avec Irène Jacob. « Le rôle que jouera la géopolitique à la Berlinale sera un enjeu cette année », confirme Scott Roxborough, correspondant pour l’Europe du Hollywood Reporter.
Présidence du jury par Lupita Nyong’o
L’actrice Lupita Nyong’o, d’origine mexicaine et kényane, présidera le jury qui décernera l’Ours d’or le 24 février. Elle est la première personnalité noire à accéder à cette position à Berlin. Vingt films sont en compétition pour succéder au documentaire Sur l’Adamant du Français Nicolas Philibert.
Martin Scorsese, Hong Sang-Soo et Gael García Bernal en vedette
Martin Scorsese, le célèbre cinéaste américain, sera certainement applaudi sur le tapis rouge. Il se verra décerner un Ours d’or honorifique pour sa carrière. Il sera suivi par des acteurs célèbres, à commencer par l’Irlandais Cillian Murphy – l’un des favoris pour les Oscars pour son rôle dans Oppenheimer –, dont le film ouvrira le festival. Gagnante du prix d’interprétation à Cannes en 2015 pour Carol , Rooney Mara qui interprétera Audrey Hepburn l’année prochaine dans un biopic sera également présente, tout comme Omar Sy, qui poursuit sa carrière internationale. Le Sud-Coréen Hong Sang-Soo retrouve Isabelle Huppert.
Abderrahmane Sissako et Mati Diop représentent l’Afrique
Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, qui n’avait plus réalisé de film depuis le succès de Timbuktu, lauréat du César de la meilleure réalisation en 2015, revient avec Black Tea, une histoire d’amour dans la communauté africaine de Canton. La Franco-Sénégalaise Mati Diop (Grand Prix à Cannes en 2019 pour Atlantique) présente Le Retour, un documentaire sur la restitution des trésors royaux d’Abomey au Bénin, pris lors de la colonisation du pays. La Tunisie sera représentée avec un premier long métrage de la réalisatrice Meryam Joobeur.
« Star Wars » à la mode ch’ti
Et deux ans après avoir concouru au Festival de Cannes pour France, Bruno Dumont revient avec L’Empire, une version « ch’ti » de Star Wars. Ce remake extravagant, tourné dans son Nord natal, met en scène Fabrice Lucchini (Ma Loute) et un casting d’actrices françaises en vogue : Anamaria Vartolomei (L’événement), Lyna Khoudri et Camille Cottin.