Tandis que des protestations se tiennent en Allemagne pour s’opposer à l’AfD, une municipalité de l’ancienne RDA est sous la gouvernance du parti d’ultra-droite depuis l’été précédent.
Ce samedi 3 février, on s’attend à ce que plus de 100 000 Berlinois descendent dans les rues pour manifester leur opposition à l’AfD, le parti d’extrême droite allemand. Avec 19% d’intentions de vote dans les sondages, l’AfD a réussi à avoir des représentants dans tous les parlements régionaux et au Bundestag, l’équivalent de notre Assemblée nationale. En effet, l’été dernier, Hannes Loth est devenu le premier maire de l’AfD dans la petite commune de Raguhn Jessnitz, dans l’ex-RDA, qui compte seulement 9 000 résidents.
Raguhn Jessnitz se trouve dans une des régions qui ont pâti de la fin de l’ère communiste, ces régions sont d’ailleurs favorables à l’AfD dans la majorité des cas. Le maire Hannes Loth, 42 ans, prétend être très à l’écoute de ses administrés : « Je pense que nous prenons au sérieux les inquiétudes et les préoccupations des habitants plus que par le passé. Je suis régulièrement présent dans les rues pour montrer que je suis toujours là et les gens m’abordent souvent pour me parler. »
L’élection de Hannes Loth à Raguhn Jessnitz l’été dernier a provoqué une onde de choc en Allemagne. Nils Naumann, son prédécesseur sans étiquette, n’était pas particulièrement inquiet en disant : « À l’échelle de la commune, je ne pense pas que l’AfD ait beaucoup d’influence. Au final, toutes les décisions sont prises par le conseil municipal. Il ne peut pas jouer les dictateurs ou quelque chose du genre. »
« Il fait passer ses mensonges pour des vertus »
Il n’a pas fallu beaucoup de temps aux habitants pour s’apercevoir que leur nouveau maire avait un pouvoir d’action limité. Quelques mois après les élections, plus personne ne parle des promesses du maire de gratuité pour la garde des enfants en bas âge, de réduction de la taxe foncière ou encore de la taxe professionnelle. Selon ses détracteurs, ce n’étaient que des promesses électorales. Le maire, de son côté, assure n’avoir jamais fait de telles promesses, mais les habitants ne semblent pas lui en vouloir : « Que peut-on vraiment espérer aujourd’hui ? Qu’est-ce qui n’augmente pas ? Quel pouvoir a vraiment le maire sur tout ça ? Il n’y peut rien. C’est à cause de notre gouvernement ! »
Eva von Angern, membre du parti néo-communiste die Linke, a travaillé avec Hannes Loth au parlement régional de Magdebourg. Elle décrit les promesses électorales intenables comme une caractéristique typique de l’AfD. « Il joue sur ses mensonges en les présentant comme des vertus. La différence entre les représentants de l’AfD et les autres partis, à mon avis, c’est qu’ils mentent sans honte. Ils ne rougissent même pas en mentant et ce qui me fait vraiment peur, c’est que les gens les croient ! » s’inquiète-t-elle. Trois élections régionales importantes auront lieu cet automne dans l’ex-RDA. Les sondages prévoient une nouvelle progression du parti d’extrême droite.