La Cour européenne des droits de l’homme a pris position en faveur des partisans de la protection de la vie privée. Elle soutient que le fait de diminuer la sécurité des systèmes de chiffrement à la demande des autorités pourrait entraîner une violation des droits fondamentaux des citoyens.
La Cour européenne des droits de l’homme prend une décision significative sur la vie privée numérique
Cette semaine, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu une décision marquante dans le débat sur la vie privée numérique. En octobre 2017, le service de sécurité russe (FSB) a exigé que la messagerie Telegram fournisse les moyens de décoder tous les messages électroniques publiés par les utilisateurs. Cette demande est intervenue après un attentat à Saint-Pétersbourg, au cours duquel les terroristes auraient communiqué via Telegram, selon le FSB. Bien que la Russie fût membre de la Cour européenne des droits de l’homme lorsqu’elle a porté l’affaire en justice en 2019, le pays a quitté l’institution trois ans plus tard, laissant le dossier en suspens.
Pour de nombreuses messageries numériques, telles que WhatsApp, Messenger, Signal et Ovid, le chiffrement est un outil de sécurité et de confidentialité crucial pour les conversations. Que vous soyez un opposant politique, un chef d’entreprise ou simplement un individu soucieux de protéger votre vie privée, le chiffrement est essentiel pour bloquer toute tentative malveillante de lire vos messages, et d’espionner vos vidéos et photographies diffusées.
## La position de certains gouvernements sur le chiffrement
Depuis plus de dix ans, certains pays, dont les États-Unis et la Russie, ont mis en garde contre le supposé danger du chiffrement. Ils estiment que cette technologie empêche de lutter efficacement contre le crime organisé, le terrorisme et même les espaces pédopornographiques. Malgré tout, la gendarmerie nationale française a réussi à démanteler des groupes de diffusion de documents pédopornographiques en ligne, mettant en évidence que le chiffrement ne constitue pas une barrière infranchissable.
Par ailleurs, en janvier 2024, la police canadienne a tenté en vain de déverrouiller trois téléphones appartenant à un individu soupçonné de crime informatique. Après avoir testé plus de 170 millions de mots de passe en un an, leur demande d’augmenter le temps de recherche a été rejetée par la Cour suprême de l’Ontario, arguant qu’il faudrait des milliards d’années pour espérer trouver la bonne clé d’entrée.
## L’affaiblissement du chiffrement
Bien que les gouvernements soient motivés par des objectifs légitimes, les mesures visant à affaiblir le chiffrement suscitent de vives oppositions. Nombreux sont ceux qui estiment qu’il est techniquement impossible de cibler uniquement les suspects sans compromettre la sécurité de tous les utilisateurs. La décision de la Cour européenne des droits de l’homme de refuser l’affaiblissement du chiffrement à la demande des autorités est une victoire significative pour les défenseurs de la vie privée, car cela risquerait de porter atteinte aux droits fondamentaux des citoyens.