Le lendemain de l’explosion de colère de François Bayrou qui a décliné l’offre, le gouvernement est finalement, vendredi, entièrement constitué. Deux spécialistes reconnus ont été désignés pour les rôles clés de l’Éducation et de la Santé.
Le nouveau gouvernement de Gabriel Attal a nécessité un mois de préparation, une durée sans précédent, suivi d’un processus de finalisation complexe et difficile. Ce laps de temps, marqué par des hésitations et une majorité politique sur le point de céder à la nervosité, a débouché sur une crise politique. Le président Emmanuel Macron a dû intervenir pour calmer les choses. Après un discours décisif du leader du parti centriste, François Bayrou, qui a semé le doute au sein du MoDem, la majorité s’est réunie le jeudi 8 février pour panser les blessures. Les centristes ont réitéré leur soutien à Emmanuel Macron, exprimant une vigilance toutefois accrue. Par la suite, les efforts se sont concentrés à resserrer les liens au sein de la majorité.
Des experts en la matière et promoteurs du dialogue
Ainsi, le remaniement a tenté de répondre à cette série de problèmes. Bien que certaines voix dans l’opposition se sont montrées critiques, la nomination des deux ministres restants ainsi que des 18 ministres délégués et secrétaires d’Etat sont perçues par beaucoup comme des décisions équilibrées et apaisantes.
On l’observe tout d’abord avec l’ancienne ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qui succède à Amélie Oudéa-Castéra, l’éphémère et maladroite ministre de l’Éducation, qui ne conserve que le ministère des Sports et des Jeux Olympiques. Ayant été rectrice de deux académies, à Limoges et à Toulouse, Nicole Belloubet a une excellente connaissance du système éducatif. Cette femme de consensus, issue de la gauche, a pour mission de regagner la confiance des syndicats enseignants. Frédéric Valletoux, député Horizons et ancien président de la fédération hospitalière pendant 11 ans, partage le même profil. Son défi sera de remettre le secteur de la Santé sur les rails et de mettre un terme à l’instabilité ministérielle, avec quatre ministres de la Santé en l’espace de 20 mois !
Tensions au sein de la direction
Cette période est susceptible de laisser des stigmates au sein de la majorité. On s’attend notamment à ce que les groupes Modem et Horizons se fassent davantage entendre à l’Assemblée et gagnent en influence. On constate aussi des tensions au sein de l’exécutif. Certes, le Premier ministre Gabriel Attal a réussi à faire écarter Amélie Oudéa-Castéra, que le président Emmanuel Macron avait envisagé de garder. Cependant, François Bayrou a avancé que le Premier ministre lui avait promis le ministère des Armées, une allégation qui a causé un certain mécontentement chez Sébastien Lecornu, qui avait été envisagé pour Matignon juste un mois auparavant. À l’Élysée, on n’apprécie guère ces développements. Gabriel Attal doit garder à l’esprit qu’il n’est pas le chef suprême de l’exécutif, malgré son rôle de Premier ministre.