Le dimanche, le prestigieux prix de la Palme d’or de Cannes, attribué à l’œuvre de Justine Triet, sera parmi les œuvres cinématographiques anticipées lors de la 96e édition de la cérémonie des Oscars. Le film est en lice dans pas moins de cinq catégories, y compris celle du meilleur film et de la meilleure mise en scène.
A l’approche de la 96ème édition des Oscars à Los Angeles, le film français Anatomie d’une chute de Justine Triet se distingue par ses cinq nominations, y compris celle du meilleur film. La campagne menée par l’équipe du film pour convaincre les près de 10 000 électeurs est décryptée par 42mag.fr.
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Depuis sa Palme d’or à Cannes en mai dernier, Anatomie d’une Chute ne cesse de faire parler de lui. Dernièrement, le film a remporté six César et plusieurs autres récompenses. En plein dans les préparatifs de prix des Oscars, la co-productrice du film, Marie-Ange Luciani, mélange sentiments d’excitation et de fatigue, tout en ressentant une belle nostalgie pour l’aventure qu’a été ce film.
Marie-Ange Luciani se confie à 42mag.fr: « Cela a été une succession d’évènements assez incroyables, ponctués par une certaine mélancolie, c’est vrai. On sent que c’est la fin de ce beau parcours, rempli de récompenses et d’honneurs pour le film. Maintenant, nous devrons penser à autre chose. »
Pour ces Oscars, Anatomie d’une chute figure parmi les nominations pour le meilleur film, la meilleure réalisation, le meilleur scénario original, la meilleure actrice (Sandra Huller) et le meilleur montage. Le 7 janvier, le film avait déjà été lauréat de deux récompenses lors des Golden Globes
L’oeuvre de qualité ne suffit pas
Vous pourriez penser qu’un film de cette envergure, séduisant la critique et le grand public en faisant plus de trois millions d’entrées, et remportant autant de prix, n’a pas besoin de plus. Pourtant, avec 10 000 professionnels de l’industrie du film votant pour les Oscars non seulement aux États-Unis mais également dans le monde, rien n’est moins sûr.
Selon Alya Belgaroui, directrice marketing chez MK2 et très impliquée dans la campagne américaine pour le film, la réalité est bien plus complexe : « Bien sûr, le côté glamour est prédominant dans l’esprit du public, avec les photos sur le tapis rouge partagées à travers les réseaux sociaux. Mais derrière tout ça se cache une mécanique démesurée, non loin d’une campagne présidentielle, avec l’organisation de projections à travers le monde et l’invitation de spectateurs à tous les festivals qui diffusent le film. »
Promouvoir le film, se faire voir, échanger avec les interlocuteurs, profiter de la médiatisation – comme l’a fait le chien Messi, star du film lors du gala des nommés – est un travail colossal et essentiel pour ravir le cœur des votants. Et ce, même si les professionnels du cinéma préfèrent souvent la création au marketing.
Séduire les électeurs
Une campagne logistique hors norme, rappelant celle d’une élection présidentielle. C’est ce que révèle la comédienne Bérénice Béjo qui a vécu l’explosion du film The Artist en 2012. Elle a dû, je cite, « séduire les votants » : « On travaille dans une industrie, il est donc normal de se prêter au jeu, d’assister à des soirées ou dîners. Je me rappelle qu’une attachée de presse m’aidait à identifier les personnes qui votaient pour les Oscars, et je me mettais alors à les séduire en vantant les qualités de mon film, je me disais ‘chaleureuse, friendly, votez pour moi’. C’est comme une élection. »
Tous ces allers-retours, ces déplacements, ont incontestablement un coût non négligeable. Mais l’équipe française du film et son distributeur américain le perçoivent comme un « investissement » pour faire d’Anatomie d’une Chute un classique. Et pour les Oscars, il ne reste plus maintenant qu’à croiser les doigts.