Tandis que la cotation dans les enquêtes d’opinion de la liste dirigée par Raphaël Glucksmann monte en flèche, certains activistes de gauche éprouvent de l’amertume en raison de l’absence de liste unifiée.
Raphaël Glucksmann, en tête des listes socialistes (PS-Place publique) pour les élections européennes et affichant des sondages oscillant entre 11% et 13%, tente de se positionner comme l’option de vote incontournable pour la gauche, face au Rassemblement National (RN) et aux partisans de Macron. Néanmoins, ce ne sera pas facile, d’après les opinions récoltées chez les militants de gauche par 42mag.fr : des membres de Générations, des écologistes et un socialiste.
Trois jeunes engagés dans la conversation autour d’un verre, non loin de l’Assemblée, expriment leur déception vis-à-vis de la situation de la gauche unie. Sirine, du parti Générations de Benoît Hamon, regrette que Glucksmann n’ait pas soutenu une liste commune pour les élections européennes. Elle trouve « aggravant que malgré sa progression dans les sondages, on se partage toujours les miettes. Le RN est toujours largement en tête. Si nous avions eu un seule et même liste, nous aurions été en première position. C’est cela qui semble frustrant et provoque ma colère. »
« En 2027, l’union autour du PS n’est pas envisageable »
A ses côtés, Clovis, militant écologiste, acquiesce. Pour lui, c’est une question de tactiques politiques de la part des partis, y compris le sien. Mais plus précisément, en ce moment, c’est une question pour les socialistes : « Ils cherchent à devenir la première force de gauche après les élections européennes. Et s’ils y parviennent effectivement, avec des ralliements à eux, je trouve cela très inquiétant. Car, en 2027, l’union autour du PS n’est pas envisageable. Nous avons besoin d’une union beaucoup plus audacieuse. »
« Actuellement, le PS représente pour beaucoup la déception, le renoncement de François Hollande, la trahison de Manuel Valls entre autres. »
intervenant sur 42mag.fr
Il estime que le leader de la liste PS-Place publique cherche à diviser : « Quand Glucksmann affirme, par exemple, ‘Je m’implique sérieusement dans les questions internationales.’ On comprend qu’il suggère qu’il y aurait d’autres listes, moins sérieuses, dont les écologistes ou les insoumis. Ce genre de propos est très dangereux à mon avis. Critiquer les autres, cela va nous diviser et faire perdre beaucoup de voix en 2027. »
Jérémie, le socialiste, écoute avec agacement : « Il est regrettable de revenir sur la question de la Nupes durant tout le débat car elle n’existe pas dans cette élection européenne. Si on se focalise déjà sur l’après, cela montre qu’il n’y a sans doute pas autant d’intérêt pour les élections européennes. L’enjeu n’est pas de dire ‘Nupes, Nupes’ même si nous soutenons la Nupes. L’enjeu est de se demander ‘Que faisons-nous pour cette élection ?’ Et nous devons admettre que la montée de Raphaël Glucksmann est bien réelle et importante pour ce scrutin. » Les socialistes avancent leur représentativité au sein du Parlement européen comme preuve de leur capacité à peser sur les décisions à gauche.