À l’aube du siècle dernier, Joseph Jiquel Lanoë, qui est né à Vannes dans le Morbihan, a joué dans une centaine de longs-métrages hollywoodiens. Des cinéphiles de son village d’origine lui ont dédié un ciné-concert en son honneur.
Les aspirations de nombreux acteurs les guident vers les États-Unis. C’est le cas de Joseph Jiquel Lanoë, né à Vannes en 1875, qui a réussi à se frayer un chemin dans l’industrie cinématographique. Il a joué un rôle déterminant dans le développement du cinéma, souvent appelé le septième art. Malheureusement, il a été oublié avec le temps. Toutefois, l’association Cinécran a souhaité lui rendre hommage en organisant un spectacle en son honneur.
– Acteur oublié du cinéma muet
(France 3 Bretagne)
« Il a côtoyé les plus grands acteurs de son temps »
Lors de cette soirée spéciale, Joseph Jiquel Lanoë a été remis sous les projecteurs. Presque 300 personnes l’ont découvert comme l’ont fait les Américains il y a plus de cent ans. Alors qu’il était dans la vingtaine, Joseph a migré aux États-Unis pour poursuivre sa carrière d’acteur. Entre 1912 et 1923, il a tourné dans plus de 100 films. « Joseph Jiquel Lanoë a joué un rôle majeur dans l’épanouissement des studios hollywoodiens car il a côtoyé les plus grands acteurs de son époque. Il était présent quand Chaplin a commencé à être reconnu par le public. Il était là quand David Wark Griffith et Mack Sennet, les stars de la réalisation de l’époque, ont contribué à faire d’Hollywood ce qu’il est aujourd’hui », souligne Olivier Calonnec, directeur de l’association Cinécran.
Au Palais des Arts, quelques-uns de ses films dénichés par Cinécran ont été projetés. Ces courts-métrages de 8 à 10 minutes étaient accompagnés par des musiciens: une flûtiste, une violoncelliste et une pianiste du Conservatoire, tout comme au temps du cinéma muet. La bande-son a été orchestrée par le compositeur breton, Etienne Chouzier, lui aussi natif de Vannes. « Cela permet d’amplifier les émotions de l’image, qui ne sont peut-être pas immédiatement évidentes. Il peut y avoir deux plans avec des événements en premier et en arrière-plan. Musicalement, c’est à moi de décider lequel des deux je mets en avant. Cela modifie complètement la perception du spectateur », explique-t-il. Des textes lus lors du spectacle ont également renseigné le public sur la vie de Joseph Jiquel Lanoë.
Son homosexualité a probablement influencé sa carrière
Des lycéens présents dans la salle étaient totalement captivés par ce ciné-concert. « Voulant devenir actrice, je trouve cela très inspirant », commente une lycéenne. « Il y a une différence de plus d’un siècle avec le cinéma actuel. Donc, la technologie a beaucoup évolué. Au début, la qualité n’était pas aussi bonne, l’image tremblait. Il y avait parfois des petits soucis avec la caméra. Mais cela n’était pas du tout désagréable. C’était même spectaculaire et révolutionnaire pour cette époque », s’enthousiasme un autre lycéen. Joseph Jiquel Lanoë est décédé en 1948, à Papeete (Tahiti), à l’âge de 72 ans.
Comment un tel personnage a-t-il pu être effacé de notre mémoire collective ? Son homosexualité y a probablement contribué. La ville de Vannes a envisagé de donner son nom à une rue. Un final heureux, à l’américaine.