Chaque jour, une célébrité fait une apparition dans l’univers d’Élodie Suigo. Pour ce mercredi 13 mars 2024, c’est l’actrice Leïla Bekhti qui est à l’honneur. Elle joue dans le dernier film de Léa Todorov, « La Nouvelle femme », qui est lancé ce jour-même.
Parcours de Leïla Bekhti : de l’art-thérapie à ses rôles marquants au cinéma
Depuis ses débuts en tant qu’étudiante en art-thérapie jusqu’à sa consécration avec le César du meilleur espoir féminin grâce à son interprétation dans le film Tout ce qui brille réalisé par Géraldine Nakache en 2009, sans oublier son passage dans le bouleversant téléfilm Harkis aux côtés de Smaïn en 2006 et sa participation dans Un prophète de Jacques Audiard en 2009, Leïla Bekhti a toujours été fascinée par des contenus marquants et des récits hors normes. Chaque film qu’elle a tourné apporte son lot de réflexions.
Leïla Bekhti à l’écran dans un film franco-italien contemporain
Actuellement, elle joue dans le film franco-italien La Nouvelle femme dirigé par Léa Todorov. Le film met en lumière la vie de Maria Montessori, illustre médecin et pédagogue spécialisée en psychiatrie et notamment sur les hallucinations. Le film dépeint la rencontre entre cette femme hors du commun, interprétée par Jasmine Trinca, et Lili, une courtisane parisienne incarnée par Leïla Bekhti. Les deux protagonistes ont chacune un secret qui plane sur elles. L’une est la mère d’une fille qui est considérée comme idiote à cause de son handicap, et l’autre dissimule l’existence de son fils né hors mariage.
Leïla Bekhti sur le message de son dernier film
franceinfo : Votre dernier film porte-t-il un message sur l’émancipation des femmes et la volonté de prendre en main son destin ?
Leïla Bekhti : Absolument. C’est un film qui traite de l’émancipation. Il parle de la liberté. Et avant toute chose, il aborde le sujet de la sororité. Ensemble, on va toujours plus loin. D’ailleurs, le rôle de Lili que j’interprète dans ce film est entièrement fictif.
Malgré le côté historique du reste du film.
Tout à fait. En outre, mon personnage représente aussi la société de l’époque, celle qui choisit d’ignorer ses enfants handicapés. Paradoxalement, elle est aussi un symbole de liberté. Je joue une courtisane égocentrique qui va apprendre à devenir mère. Jouer le rejet et la violence envers un enfant a été particulièrement difficile.
En tant que mère, est-il possible de rejeter son propre enfant ?
Quant à moi, je dirais que non. Mais pour Lili, c’est différent. C’est comme s’il s’agissait d’une charge qu’on lui impose. D’autant plus qu’elle redécouvre son enfant à l’âge de neuf ans. On comprend également comment Lili a été formatée par son environnement. À cette époque, la différence, le handicap, conduisaient au rejet le plus total ! D’ailleurs, Léa et moi avons beaucoup discuté en amont du tournage, il était essentiel que je ne pose jamais le regard sur Tina – Rafaëlle Sonneville-Caby qui joue ma fille dans le film. C’était extrêmement important. Le film vous correspond-il à 300%, étant donné que vous avez fait des études d’art-thérapie dans le passé, mais que vous avez dû abandonner car ce qui se passait sous vos yeux, avec ces enfants touchés par le handicap, était bouleversant ?
Le film fait-il écho à votre propre vécu, en quelque sorte ?
Oui, c’est bien le cas. Je pense que l’impuissance est l’une de mes plus grandes difficultés à surmonter. Je lutte beaucoup contre ce sentiment, surtout quand il s’agit d’enfants.
Maria Montessori a découvert les mathématiques à l’âge de 14 ans. C’est ce qui va développer sa passion puisque deux ans plus tard, elle va rentrer en école de biologie, réservée aux garçons à l’époque. A quel âge avez-vous réalisé que vous vouliez être actrice ?
J’avais peur que vous me parliez de mathématiques ! Ma passion pour le cinéma a commencé plus tard. Mon objectif initial était de travailler dans le secteur social. Finalement, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvée dans le métier d’actrice. Je ne me pensais pas capable de devenir actrice. Pour moi, ce métier était réservé aux personnes déjà présentes dans le monde de la télévision. Lorsque j’ai passé mon premier casting pour Sheitan, je considérais cette expérience comme une opportunité de raconter à mes amies ce qu’était un casting. Mon objectif n’était même pas de décrocher le rôle. Mais c’est suite à cette expérience que j’ai décidé de faire de la comédie mon métier. J’ai eu beaucoup de chance, mais maintenant, je comprends que ce métier requiert du travail, des choix et beaucoup d’investissement.
« Dans mon métier, j’ai besoin d’être très investie. J’ai besoin d’être en totale confiance et c’est aussi beaucoup d’investissement émotionnel. »
Leïla Bekhtià 42mag.fr
Comment faites-vous pour vous protéger ?
Je pense que mes enfants m’aident beaucoup. Je me suis toujours dit : je ne veux jamais que mes enfants se fassent du souci pour moi. Par conséquent, en les protégeant, je me protège. De plus, je suis entourée de personnes de confiance : si un jour je deviens désagréable, ce ne sera pas la faute des autres mais bien la mienne.
« Pour moi, mes enfants sont un rayon de soleil. La simple caresse de leurs petites mains sur mon bras est la plus belle des récompenses. »
Leïla Bekhtià 42mag.fr
Y a-t-il eu des moments où vous avez senti que vous perdiez pied ?
Pas vraiment. Si je suis tout à fait honnête, je viens de donner naissance à mon quatrième enfant… Voilà une petite surprise ! Actuellement, avec tout ce qui se passe dans le monde, c’est un peu vertigineux. Je trouve que les réseaux sociaux créent une forme de schizophrénie. On passe d’une recette de gâteau à une dépêche sur la mort d’un enfant, puis à un défilé de mode.