Les organisateurs olympiques ont dévoilé cette semaine la tapisserie officielle des Jeux olympiques, basée sur un dessin de l'artiste franco-iranienne Marjane Satrapi. Le triptyque aux couleurs vives fait la part belle à la tour Eiffel et à deux nouveaux sports urbains intégrés à la compétition.
Le panneau central présente le treillis métallique facilement reconnaissable de la Tour Eiffel et un horizon de la ville. La silhouette d'un athlète masculin en bleu et d'une athlète féminine en rouge sprintent à travers un globe en direction de la flamme olympique.
Le panneau de gauche représente un lanceur de javelot de couleur jaune, sous une lune à côté d'une des bases de la tour Eiffel, allusion à l'affiche des Jeux Olympiques de Paris en 1924.
Le panneau de droite présente les silhouettes en noir et vert d'un skateur et d'un breakdancer (appelé « breaking » en France), deux des quatre sports nouvellement intégrés au programme olympique.
La tapisserie a été inaugurée chez le fournisseur officiel de mobilier de la France Le Mobilier national à Paris en présence de l'artiste mardi.
Un groupe de breakdancers a été invité à se produire sur le parquet lisse.
Un groupe d'élèves du primaire a également été invité à couper les fils du bas de la tapisserie.

Trois ans de travail
Mesurant plus de trois mètres de haut et neuf mètres de large, la tapisserie a nécessité trois ans de réalisation.
Il a été tissé à la main par huit artisans des ateliers de Manufactures Nationales des Gobelins et Beauvais avec 60 kilos de laine teinte en France mais originaire de Nouvelle-Zélande.
« La liste des spécifications était assez longue », a déclaré Marjane Satrapi à l'AFP. « J'ai dû intégrer des références au passé, au futur, à l'égalité hommes-femmes et aux nouveaux sports… j'ai donc imaginé un triptyque. »
« Les tisserands avec lesquels j'ai collaboré m'ont demandé de ne pas surcharger le design, de ne pas aller trop loin dans les détails », a-t-elle ajouté.

Auteur de bande dessinée, peintre et cinéaste, Satrapi, 54 ans, vit en France depuis de nombreuses années. Elle est devenue célèbre grâce au roman graphique et au cinéma Persépolisun portrait de la vie en Iran avant et après la révolution islamique de 1979.
«J'ai grandi avec le sport», explique Satrapi, ajoutant qu'elle était fan de skateboard et de football.
« Dans un stade de football, on retrouve un milliardaire et un ouvrier qui regardent le même match, avec la même passion. J’aime cet esprit fédérateur que l’on retrouve dans la compétition sportive.
« En 1976, je me souviens que la gymnaste Nadia Comaneci avait gagné dix sur dix partout aux Jeux de Montréal. Mon père me disait : 'Pour être excellent comme ça, il faut travailler des heures tous les jours.' Et c'est cet adolescent qui m'a mis en tête l'idée qu'il faut travailler dur pour réaliser ce qu'on veut. »

Rencontre du corps et de l'esprit
Le choix des athlètes des deux sexes évoque l'objectif du comité olympique d'être les premiers jeux paritaires de l'histoire avec autant de sportives que d'hommes.
Le dévoilement de la tapisserie s'inscrit dans ce que les organisateurs appellent l'Olympiade culturelle – un programme d'événements et d'expositions réunissant des bénévoles et des groupes communautaires parallèlement au concours.
Dominique Hervieu, directrice de la culture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, affirme que ce concept existait déjà dans l'Antiquité dans les villes grecques d'Olympie et de Delphes.
« On renoue en quelque sorte avec un idéal olympique, une rencontre entre le corps et l'esprit, la sensibilité », dit-il à l'AFP.
La tapisserie olympique sera exposée au public à partir du 21 juin au musée de l'Hôtel de la Marine, surplombant la place de la Concorde où se dérouleront les épreuves olympiques de skateboard et de break.
L'œuvre rejoindra la collection du Musée du Sport de Nice à la fin des Jeux.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 se dérouleront du 26 juillet au 11 août, suivis des Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre.