Le déficit budgétaire de la France s'est creusé plus que prévu en 2023, ont montré mardi les chiffres officiels, mettant à mal l'engagement du président Emmanuel Macron de remettre les finances nationales sur les rails au cours des quatre prochaines années.
Le déficit public a grimpé à 5,5 pour cent du produit intérieur brut, soit 154 milliards d'euros, a indiqué l'agence statistique Insee.
Le gouvernement avait récemment averti que le déficit dépasserait sa précédente estimation de 4,9 pour cent du PIB, citant comme facteurs clés le ralentissement économique mondial et la guerre en Ukraine.
La France a déjà annoncé des réductions de dépenses de 10 milliards d’euros cette année afin d’en limiter les conséquences et d’atteindre son objectif de déficit pour cette année de 4,4 % du PIB.
Mi-mars, le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, estimait qu'il faudrait trouver au moins 20 milliards d'euros d'économies d'ici 2025, et annonçait de nouvelles révisions des dépenses publiques, notamment celles liées aux maladies de longue durée, aux aides au cinéma ou encore à l'absentéisme dans la fonction publique.
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est toutefois déclaré mardi « totalement opposé à toute augmentation d'impôts » visant à réduire l'écart.
« On peut parfaitement faire des économies sur les dépenses publiques sans mettre les poches des Français », a-t-il déclaré sur RTL.
Très rare
Le commissaire aux comptes français Pierre Moscovici a qualifié le déficit d' »important ».
« Nous calculons ce chiffre depuis quelques jours, mais il s'agit quand même d'un dérapage d'exécution qui est important, pas tout à fait inédit mais très très rare, a-t-il déclaré à la radio France Inter.
Les politiciens de tous bords ont réagi avec colère sur les réseaux sociaux.
Le chef du parti de droite Les Républicains, Eric Ciotti, a imputé à Macron ce « bilan désastreux ».
Le rapporteur sénatorial sur le budget, Jean-François Husson, a écrit que « la politique du gouvernement est un échec », en rejetant directement la faute sur les épaules de Le Maire.
« C'est un effondrement de l'autorité de la France en Europe », a-t-il déclaré, soulignant que la France est le troisième pays le plus endetté de la zone euro.
Manuel Bompard, député du parti d'extrême gauche France Insoumise, a déclaré que plutôt que de réduire les dépenses publiques, le gouvernement devrait « concentrer les augmentations d'impôts sur les plus riches ».
Objectifs de l'UE
Plusieurs députés de la majorité, dont la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, ont également évoqué ces derniers jours des hausses d'impôts ciblées ou visant les soi-disant superprofits.
Comme tous les membres de la zone euro, la France s’est engagée à maintenir son déficit en dessous de trois pour cent du PIB et a promis d’y parvenir d’ici 2027.
Cette exigence, convenue entre les membres de l’Union européenne dans le cadre de leur pacte de stabilité et de croissance, a été suspendue depuis 2020 d’abord pour permettre aux pays de faire face à la pandémie de Covid, puis aux retombées économiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le Premier ministre Gabriel Attal devrait évoquer mercredi soir les questions budgétaires et d'emploi lors d'un entretien en direct à la télévision nationale.
Un débat sur les finances publiques aura lieu à l'Assemblée nationale le 29 avril, à la demande de la commission des Finances de la chambre basse.