Les législateurs français envisagent de lancer une enquête sur l'impact des essais d'armes nucléaires effectués par le pays en Polynésie française sur trois décennies.
Des années 1960 aux années 1990, la France a fait exploser près de 200 bombes nucléaires en Polynésie française – un territoire insulaire dispersé du Pacifique situé à des milliers de kilomètres à l’est de l’Australie – dont 41 essais atmosphériques entre 1966 et 1974.
Le groupe majoritairement communiste de la RDA à l'Assemblée nationale française a déposé une demande écrite d'enquête, déclarant : « Nous devons nous demander ce que le gouvernement français savait de l'impact des tests avant qu'ils ne soient effectués, tels qu'ils se sont produits et jusqu'à aujourd'hui. « .
La RDA a utilisé son droit de demander une enquête parlementaire par session pour exiger l'ouverture d'une enquête, qui doit être formellement approuvée par la commission de la défense du Parlement.
Dans le texte rédigé par Mereana Reid Arbelot, députée polynésienne française, les explosions « ont eu de nombreuses conséquences : elles concernent la santé, l'économie, la société et l'environnement ».
Elle a également appelé à un « compte rendu complet » des conséquences et a ajouté que le groupe souhaitait « faire la lumière » sur la manière dont les sites de dépistage avaient été choisis pour la première fois dans les années 1950.
Reid Arbelot a souligné que ces décisions ont infligé un « traumatisme aux populations civiles et militaires » des insulaires.
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– Mereana Reid Arbelot (@MereanaReidArb) 23 octobre 2023
Appels à compensation
La RDA soutient que les affirmations de Paris sur la quantité de radiations à laquelle les personnes ont été exposées au moment des tests sont contestées parmi les scientifiques et devraient être révisées.
Paris a ouvert la voie à l’indemnisation pour la première fois en 2010 en reconnaissant les impacts sur la santé et l’environnement.
Une étude publiée l'année dernière par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a révélé que les essais nucléaires augmentaient légèrement le risque de cancer de la thyroïde pour la population locale.
Mais les militants de l’époque avaient déclaré qu’il aurait fallu enquêter sur une plus grande partie de la population et réclamer davantage de réparations.
Lors d'une visite en Polynésie française en 2021, le président Emmanuel Macron a déclaré que la nation avait envers le territoire d'outre-mer « une dette » pour les essais nucléaires – le dernier aussi récent que 1996.
Il a demandé que les archives des tests soient ouvertes, à l'exception des informations militaires les plus sensibles.
L'héritage nucléaire de De Gaulle
Le programme nucléaire indépendant de la France a été lancé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et poussé par le fondateur de la Cinquième République, Charles de Gaulle.
L’une des neuf puissances nucléaires au monde, elle dispose d’un stock d’environ 300 ogives – un niveau similaire à celui de la Chine ou de la Grande-Bretagne, mais bien inférieur à celui des poids lourds que sont la Russie et les États-Unis.
La doctrine nucléaire française prévoit que ces bombes ne soient utilisées que si les « intérêts vitaux » du pays sont menacés – un terme relativement vague laissant au président une grande latitude pour décider de leur utilisation.