Les maires des zones rurales et des petites villes françaises sont de plus en plus mécontents du transfert de migrants de la capitale vers leurs communautés, qu'ils estiment lié aux efforts de nettoyage en amont des Jeux olympiques de Paris.
Serge Grouard, maire de droite d'Orléans, dans le centre de la France, a rendu public lundi ses plaintes concernant l'arrivée de jusqu'à 500 migrants sans abri dans sa ville de 100 000 habitants à son insu.
« Il est prouvé que toutes les trois semaines, un autocar arrive à Orléans en provenance de Paris, avec entre 35 et 50 personnes à bord », a-t-il déclaré à la presse, ajoutant qu'il s'agissait de « nettoyer les ponts » de la capitale à l'approche des Jeux olympiques de 2017. Juillet et Août.
Chaque nouvel arrivant se voit offrir trois semaines dans un hôtel aux frais de l'Etat, mais est ensuite livré à lui-même, explique Grouard.
Paris attire depuis longtemps les demandeurs d'asile et les migrants, principalement originaires d'Afrique, d'Asie du Sud ou du Moyen-Orient, la demande d'hébergement d'urgence à court terme dépassant largement l'offre.
Ainsi, sous les ponts ou sur des terrains inoccupés, des camps informels surgissent régulièrement autour de la capitale et sont périodiquement démolis par la police.
Les occupants se voient offrir la possibilité de demander l'asile et la politique du gouvernement est de déplacer un grand nombre d'entre eux hors de Paris vers des établissements ailleurs dans le pays.
« Nous n'avons pas été consultés, ni sur la création ni sur les personnes qui s'y rendront », a déclaré à l'AFP l'adjointe au maire de Strasbourg, Floriane Varieras, interrogée sur une nouvelle installation près de sa ville dans l'est de la France.
« C'est là que je suis d'accord avec le maire d'Orléans, le côté assez opaque de ce qui se passe », a-t-elle ajouté.
En janvier, le maire de Lavaur, une petite ville près de Toulouse dans le sud-ouest de la France, a publié une lettre publique dans laquelle il a dénoncé la politique de transfert de migrants à travers le pays comme étant « irresponsable » et « dangereuse ».
« Pour rendre Paris selon toute vraisemblance plus 'présentable' et plus contrôlable, à six mois des Jeux olympiques », écrit Bernard Carayon. « C'est inacceptable. »
'Transition démographique'
Le président français Emmanuel Macron a soutenu l’idée de disperser les demandeurs d’asile et les réfugiés à travers le pays lors d’un discours en septembre 2022.
Il a qualifié d'« absurde » la politique de longue date consistant à concentrer les migrants dans les zones à faible revenu des grandes villes et a soutenu que les réfugiés pourraient contribuer à provoquer une « transition démographique » dans les zones rurales et les petites villes de France.
De nombreuses régions en dehors des grandes villes françaises connaissent un déclin démographique, entraînant des fermetures d'écoles et des pénuries de main-d'œuvre.
Mais les politiciens de droite et d’extrême droite dénoncent depuis longtemps cette politique, accusant Macron « d’introduire la pauvreté, la criminalité et l’islamisme dans les communautés traditionnelles » qui se méfient souvent des étrangers.
« Nettoyage social ? »
En février, un groupe de coordination de 80 associations caritatives françaises a appelé le Revers de la médaille (L'autre côté de la médaille) a dénoncé ce qu'il appelle le « nettoyage social » de Paris à l'approche des Jeux olympiques avec des efforts visant à expulser les migrants, les sans-abri et les travailleuses du sexe.
Ces plaintes font écho à celles entendues dans les villes hôtes des Jeux olympiques par le passé.
Les autorités chinoises ont expulsé un nombre indéterminé de mendiants, de vendeurs ambulants et de sans-abri des rues avant les Jeux olympiques de Pékin de 2008, et nombre d'entre eux ont été renvoyés dans leur région d'origine, selon des informations de l'époque.
Des groupes militants brésiliens ont également déclaré que les sans-abri de Rio de Janeiro étaient forcés de quitter les zones touristiques au milieu de la nuit alors que la ville accueillait les jeux en 2016.
Plus d’un million de personnes ont déposé des demandes d’asile dans l’Union européenne en 2023, soit le niveau le plus élevé depuis sept ans, selon les statistiques de l’UE.
La France arrive en deuxième position avec 167 000 demandes.