Le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé samedi un nouveau paquet de 14 mesures qui, espère-t-il, tourneront la page de la crise agricole, qui a provoqué des blocages en début d'année. Les principaux syndicats ont salué cette décision mais ont averti qu'ils resteraient sur leurs gardes.
« Nous travaillons sur des mesures concrètes pour nos agriculteurs », a déclaré Gabriel Attal aux journalistes lors d'une visite au marché local des fruits de mer à Pirou, dans le nord-ouest de la Manche.
« Ces mesures supplémentaires qui s'ajoutent aux 67 mesures que j'ai annoncées le 26 janvier, démontrent notre détermination à répondre aux besoins de nos agriculteurs et à garantir un avenir prospère à notre agriculture », a-t-il déclaré.
Parmi ces mesures figure la présentation promise début mai de la version finale du plan de réduction des pesticides Ecophyto 2030, qui avait été mise entre parenthèses en raison de la crise agricole.
S'ajoutent également une nouvelle aide de trésorerie pour les exploitations agricoles, l'accélération de 100 projets de stockage d'eau ou d'irrigation dès cette année et un plan d'aide à trois départements frappés par des crises climatiques comme de fortes inondations (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault).
50 millions d'euros ont été réservés à des projets d'adaptation au changement climatique et de développement des filières locales, a indiqué le gouvernement.
Un optimisme prudent
Ces mesures font suite à des protestations sans précédent des agriculteurs au début de cette année et à des négociations intenses qui ont duré plusieurs mois.
Le gouvernement espère entrer dans une nouvelle phase avec la mise en œuvre concrète de chacune de ces mesures, qui ont été saluées samedi par les grands syndicats agricoles, la FNSEA et le Syndicat des Jeunes Agriculteurs.
Mais ils ont promis d'être « extrêmement vigilants ».
« Une crise ne se termine pas en claquant des doigts », a déclaré samedi à 42mag.fr le secrétaire général adjoint de la FNSEA, Christophe Chambon.
« Tout ce qui a été annoncé depuis des mois doit se répercuter sur les exploitations agricoles », a-t-il déclaré.
Le président de la Coordination Rurale a également déclaré qu'il y avait encore beaucoup à faire.
« On a le sentiment d'avancer vite, mais beaucoup de mesures auraient pu être prises dès le départ », a-t-elle déclaré.
Une rencontre avec Emmanuel Macron, promise depuis le Salon de l'agriculture de février, devrait permettre de sceller l'entrée dans une nouvelle phase, mais aucune date n'a été fixée.
Attal a déclaré qu’il ne laisserait pas tomber les agriculteurs.
« C'est une question de confiance », a déclaré le ministre français de l'Agriculture, Marc Fesneau, interrogé sur les futures manifestations agricoles. « Nous ne voulons pas nous lancer dans un chantage mutuel avec les syndicats », a-t-il déclaré.
La semaine prochaine, les députés seront appelés à examiner le projet de loi d'orientation agricole, révisé suite à la crise.
Il s'agira de simplifier les règles autour des pesticides et d'utiliser un indicateur européen en lieu et place de l'indicateur français utilisé jusqu'à présent.
Certaines ONG ont reproché à l'indicateur européen de différencier moins clairement la nocivité des pesticides.
Le gouvernement a également confirmé que la réforme des fonds de pension agricoles s'appliquerait à partir de 2026, sur la base des 25 meilleures années de carrière.