Les législateurs français débattent d'un projet de loi visant à interdire la production et la vente de produits contenant des PFAS, un groupe de produits chimiques synthétiques qui se décomposent lentement et ont été associés au cancer. Les députés sont divisés sur la législation, tandis que les groupes industriels s'y opposent – arguant que l'interdiction des produits chimiques entraînerait des licenciements.
Les législateurs de l'Assemblée nationale débattaient jeudi d'un projet de loi visant à interdire la production, l'importation, l'exportation et la vente de certains produits contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, appelées PFAS.
Utilisés dans certains produits antiadhésifs et résistants aux taches, les PFAS sont parfois appelés « produits chimiques éternels », car ils mettent beaucoup de temps à se décomposer et ont été détectés dans l'eau, l'air, les poissons et le sol dans les coins les plus reculés du globe.
Le Premier ministre Gabriel a déclaré que le projet de loi, présenté par le député Vert Nicolas Thierry, était inutile car l'utilisation des PFAS est une question qui devrait être abordée au niveau européen.
L'Union européenne envisage une interdiction générale, mais Thierry a déclaré que le délai était trop long.
La proposition française interdirait d’ici 2026 l’utilisation de PFAS dans les ustensiles de cuisine et les cosmétiques, ainsi que dans la plupart des vêtements, à l’exception de certains équipements de sécurité. L’ensemble de l’industrie textile serait interdite d’ici 2030.
La législation mettrait également en place une surveillance des PFAS dans les approvisionnements en eau dans toute la France et obligerait les entreprises à payer pour nettoyer tout déversement ou pollution.
Refoulement industriel
Les entreprises font pression contre la loi et certains législateurs ont introduit des amendements repoussant sa mise en œuvre, par exemple pour les appareils de cuisine, à 2030.
L'entreprise française SEB, propriétaire de Tefal, le plus grand producteur mondial d'ustensiles de cuisine, a averti que la législation aurait un impact sur l'emploi. Il a encouragé des dizaines d'employés à frapper des pots dans et autour de l'Assemblée nationale à Pars mercredi pour exiger le retrait du projet de loi.
L'entreprise affirme que 3 000 emplois dans ses usines de Rumilly et Tournus, qui produisent des poêles antiadhésives Tefal, seraient menacés.
Le PFAS le plus connu est le téflon antiadhésif, qui utilise du PFOA, dont il a été démontré qu'il est cancérigène. Son fabricant américain, DuPont, a fait l'objet de milliers de poursuites judiciaires pour pollution de l'eau et impacts sur la santé.
En rachetant la marque Tefal en 1968, Seb décide de créer son propre revêtement antiadhésif qui n'utilise pas de PFOA mais du polytétrafluoroéthylène (PTFE), un autre PFAS qui, selon l'entreprise, n'est pas dangereux.
Les députés invités à intensifier leurs efforts
En réponse aux protestations, Thierry a déclaré à l'agence de presse AFP que la législation vise à protéger ceux-là mêmes qui tirent la sonnette d'alarme.
Il a ajouté que les entreprises essayaient de détourner l'attention du danger réel en parlant d'emploi.
« Nous devons faire face à un scandale sanitaire à grande échelle, peut-être la plus grande pollution massive de l'histoire », a déclaré Thierry. « Nous devons nous présenter et intervenir. »
Si le projet de loi est adopté à l'Assemblée nationale, il sera ensuite débattu au Sénat avant qu'une version réconciliée puisse devenir loi.