Le Conseil supérieur du sport espagnol a décidé jeudi de placer la Fédération royale espagnole de football sous tutelle, suite à des accusations de corruption qui pèsent contre elle. Cette décision intervient peu de temps après l’affaire du baiser forcé de Luis Rubiales, qui avait déjà provoqué une vive polémique.
Le gouvernement de Pedro Sanchez a annoncé jeudi 25 avril la mise sous tutelle de la Fédération espagnole de football, suite à une enquête pour corruption visant son état-major, dans le but de redresser la situation grave dans laquelle se trouve la RFEF, dans l’intérêt de l’Espagne, organisatrice de la Coupe du monde 2030 avec le Portugal et le Maroc.
Cette décision sans précédent témoigne de la crise profonde que traverse le football espagnol, déjà au centre des polémiques à l’été 2023 après le baiser forcé de Luis Rubiales à Jenni Hermoso.
Qu’entraîne cette mise sous tutelle ?
La mise sous tutelle de la RFEF sera assurée au cours des prochains mois par une commission mise en place par le Conseil supérieur des sports (CSD), un organe autonome chargé de définir la politique sportive nationale, lié au ministère espagnol de l’Éducation, de la Formation professionnelle et des Sports. Cette commission de supervision, normalisation et représentation sera dirigée par des personnalités indépendantes chargées de la tutelle de la RFEF. Les détails des compétences de cette commission restent à clarifier, car les fédérations sportives doivent rester indépendantes de leurs gouvernements.
Pourquoi une telle décision ?
Le gouvernement espagnol a pris cette décision radicale à la suite d’une enquête de corruption nommée Opération Brodie, dans laquelle Luis Rubiales, ancien président démissionnaire de la RFEF, accusé également d’agression sexuelle sur Jenni Hermoso, et son successeur Pedro Rocha sont impliqués. Cette affaire concerne des irrégularités dans les contrats signés par la fédération espagnole, notamment dans les circonstances de la délocalisation de la Supercoupe d’Espagne en Arabie saoudite.
De plus, le Tribunal administratif du sport (TAD) a conclu dans un récent rapport que Pedro Rocha, actuel président de la fédération, et sa direction intérimaire avaient commis des fautes graves en prenant des décisions dépassant leurs compétences temporaires, telles que la prolongation du contrat de l’entraîneur Luis De La Fuente. C’est ce rapport qui a influencé la décision prise jeudi.
Quels enjeux pour l’avenir du football espagnol ?
La mise sous tutelle de la RFEF va à l’encontre du principe d’autonomie des fédérations vis-à-vis des gouvernements, inscrit dans les statuts de la FIFA et de l’UEFA. Les deux instances ont exprimé leur inquiétude concernant la situation entourant la fédération espagnole, afin de s’assurer que cette commission ne porte pas atteinte à son indépendance.
Le Conseil supérieur des sports affirme avoir tenu la FIFA informée de toutes ses démarches, et le gouvernement espagnol aurait préféré une intervention préalable des instances internationales afin d’éviter que la fédération reste dirigée par des individus impliqués dans des affaires de corruption. Une possible suspension des équipes espagnoles des compétitions internationales pourrait survenir en cas de non-respect de ce principe.
Un conflit entre le gouvernement et la fédération en vue ?
Après la mise sous tutelle, la fédération espagnole a élu Pedro Rocha comme nouveau président vendredi, pour un mandat courant jusqu’en septembre prochain. Candidat unique à sa propre succession, Pedro Rocha est mis en examen dans l’affaire de corruption secouant la fédération. Le Conseil supérieur des Sports pourrait tout de même décider de le suspendre, ainsi que les autres membres de la commission intérimaire lors d’un vote mardi prochain, ces derniers étant tous sous le coup d’une enquête du Tribunal administratif du sport. La création de la commission de supervision faciliterait leur suspension, cette nouvelle instance pouvant prendre le relais.