L’ultime honneur du Festival attribué à « Anora » le samedi 25 mai a étonné beaucoup de participants au festival tout en ravissant une portion des critiques, qui ont été émus par le film.
Un vent d’incertitude soufflait sur la Croisette, en raison du jury présidé par Greta Gerwig réputé imprévisible. À l’image de leurs attentes, une surprise est survenue le samedi 25 mai 2021 lorsque la célèbre actrice, scénariste et réalisatrice américaine a proclamé le film Anora de Sean Baker Lauréat de la Palme d’Or.
L’inattendu retentissement de cette annonce a pris de court Sean Baker, âgé de 53 ans et réalisateur du film. Ayant déjà assisté au célèbre festival de cinéma en 2017 pour la production de Florida Beach présentée à la Quinzaine des Réalisateurs, et revenu en 2021 pour Red Rocket en lice pour le titre, cette reconnaissance constitue pour lui une véritable apothéose.
Une image contrastée de l’Amérique
Anora, incarnée par Mikey Madison, travaille comme escort-girl dans un club de bas étage. Lors d’une soirée bien arrosée, Vanya, joué par Mark Eydelshteyn et fils d’un riche oligarque russe, franchit la porte de l’établissement. Grâce à ses origines et sa connaissance de la langue russe, elle est chargée de s’occuper du client. Ils se revoient régulièrement, et Anora découvre le monde du faste et de l’argent facile. Cependant, Vanya est sous la surveillance étroite d’un prêtre orthodoxe, mandaté par ses parents qui désapprouvent leur liaison devenant de plus en plus sérieuse, la situation est sur le point de s’aggravé.
Le parcours peu commun et l’œil perçant de Sean Baker offrent un autre angle de vue sur l’Amérique, dépeinte comme gangrénée par la corruption, le despotisme des ultra-riches et l’opportunisme de certaines figures religieuses. Le réalisateur décoche par la même occasion une flèche acerbe sur une idéalisation outrancière de la société américaine.
Un film sensuel
Situé au cœur de la communauté russophone de Coney Island, Anora offre un aperçu d’un monde de la pègre rempli d’excursions nocturnes effrénées et d’hommes de main menaçants dans un New York interlope. Sean Baker redéfinit avec ironie certains stéréotypes du cinéma américain qui lui sont chers. Par ailleurs, le fil conducteur du film est teinté d’un aspect sexuel, thème fort de cette édition cannoise.
Malgré sa Palme d’or, considérée par certains comme audacieuse, le film Anora s’éloigne des lumières étincelantes et du strass de Cannes. Le film paraît de moindre importance en comparaison avec d’autres œuvres magnifiques que bon nombre de participants espéraient voir récompensées lors du festival. Cette Palme d’Or témoigne du décalage persistant entre les choix du jury et les attentes des critiques lors de chaque festival. Aussi, l’essentiel pour le public reste de pouvoir apprécier le film lorsqu’il sera diffusé sur grand écran.
Détails du film
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Sean Baker
Acteurs principaux : Mikey Madison, Mark Eidelstein, Yuriy Borisov
Origine : États-Unis
Durée : 2h28
Sortie prévue : À venir
Distributeur : Le Pacte
Résumé : Anora, une strip-teaseuse new-yorkaise, voit sa vie basculer lorsqu’elle rencontre le fils d’un riche oligarque russe. Subjuguée, elle se marie sur un coup de tête à son prince charmant. Cependant, lorsque la nouvelle atteint la Russie, leur conte de fées est fortement menacé : Les parents du jeune homme prennent immédiatement le chemin de New York, déterminés à faire annuler cette union…