David Cronenberg, connu pour son œuvre visuelle, a plongé la Croisette dans l’inertie avec son film loquace sur le thème du deuil.
Porté par le chagrin suite au décès de sa femme en 2017, David Cronenberg s’est immiscé dans l’écriture du scénario avant de se mettre à la réalisation des Linceuls, dont la projection a eu lieu lundi 20 mai, lors du Festival de Cannes. Malgré la compassion ressentie pour la perte du cinéaste, son dernier film a déçu, ne parvenant pas à atteindre les espérances attendues, sa projection en presse a reçu un accueil peu chaleureux.
L’artiste canadien, restant dans le canevas de son sujet favori – le corps –, a opéré un changement de style, encombrant son film de dialogues obscurs qui laissent le public sur sa faim.
Les bonnes intentions
S’éloignant du genre fantastique rempli d’horreur sanglante caractérisant ses premières réalisations, David Cronenberg a pris un ton plus calme depuis Faux-Semblants (1988). Ce virage a pu décevoir ses premiers fans mais lui a permis d’acquérir une importante notoriété auprès des professionnels, des critiques et du public. Les Linceuls, dont la sortie en France est prévue le 25 septembre 2024, pousse cette évolution jusqu’à la dérision, malgré de bonnes intentions.
Karsh, un célèbre homme d’affaires dans la cinquantaine, peine à surmonter le deuil de sa conjointe. Pour pallier à cette disparition, il crée le GraveTech, un dispositif audiovisuel informatique relié aux linceuls qui permet aux visiteurs de voir leur proche dans leur tombe. Lorsqu’il découvre que neuf tombes, y compris celle de sa femme, ont été profanées, il mène son enquête pour identifier les coupables.
Avec une thématique totalement fidèle à sa filmographie, poussée par un événement personnel dramatique, Les Linceuls était fortement attendu des festivaliers. La déception est alors grande car peu ont été satisfaits, alors même que le réalisateur était en compétition pour la septième fois. Malgré une mise en place impressionnante, le film sombre dans des échanges verbeux, que la prestation de qualité d’un casting chevronné : Vincent Cassel, Diane Kruger et Guy Pearce n’arrive pas à sauver.
Immuable, sans attrait visuel (excepté pour le cimetière) et sans rythme, Les Linceuls est un défi pour les plus braves qui s’accrochent jusqu’à la fin. Le film d’ailleurs ne propose pas de fin, il pourrait continuer pendant deux heures. Plusieurs spectateurs ont d’ailleurs quitté la salle, mine de rien stimulés par les accords lancinants et funèbres du fidèle compositeur de Cronenberg, Howard Shore. Cependant, une adaptation théâtrale pourrait être intéressante. Il est surprenant de voir ce colosse de la scène cannoise, à l’image de Coppola et de son Megalopolis, déstabiliser une presse pourtant acquise.
Le dossier
Genre : Drame
Réalisateur : David Cronenberg
Acteurs : Vincent Cassel, Diane Kruger, Guy Pearce, Sandrine Holt, Elizabeth Saunders
Pays : Canada/France
Durée : 1h56
Sortie : 25 septembre 2024