Choisie pour figurer dans la catégorie « Un certain regard », la réalisatrice émergente vient tout juste de terminer, il y a à peine quelques semaines, l’après-production de son long-métrage. Filmé dans son propre environnement familial, à savoir dans le Jura, elle a fait le choix audacieux d’engager des interprètes qui ne sont pas des acteurs de métier.
Le charme exquis de Cannes sera à nouveau ressenti à partir du mardi 14 mai, lorsque les personnalités les plus influentes du cinéma international fouleront le pavé de la Croisette. Parmi elles, Francis Ford Coppola, qui revient sur la scène 45 ans après avoir reçu la Palme d’or pour son chef-d’œuvre, Apocalypse Now, mais également des nouveaux venus qui découvriront pour la première fois l’éclat du tapis rouge du Palais des Festivals.
Louise Courvoisier n’est pas une débutante en matière de Cannes: en 2019, son court-métrage Mano à Mano a été couronné par le premier prix de la Cinéfondation. Elle présente maintenant son premier long-métrage, Vingt Dieux. Ce dernier relate l’histoire d’un jeune homme de 18 ans, Totone, issu d’une famille de paysans du Jura, qui est contraint de s’occuper de sa petite sœur de 7 ans. Dans sa quête pour surmonter cette épreuve, il compte sur le fromage, persuadé qu’il peut remporter le concours du meilleur comté.
« Je ressens comme si nous risquions tout à tout moment »
Le 17 avril, six jours après l’annonce de sa sélection, Louise Courvoisier s’emploie à ajuster la bande son de son film. Installée dans une cabine de la société PolySon, située dans le 20e arrondissement de Paris, elle passe en revue avec son ingénieur du son des bruits qui passent presque inaperçus pour le spectateur. Face à elle, les images du film et notamment, une scène de mise-bas : Louise Courvoisier se rappelera toujours de cette « véritable naissance d’un veau ». C’est une scène qui s’apparente à un documentaire, elle n’a duré que sept minutes et le temps était compté pour enregistrer des sons isolés, mais remercie courageuse vache nommée Paillette, un nom décidément approprié pour Cannes…
À ses côtés, son ingénieur du son, Sandy Notorianni explique « Lorsque les sons capturés pendant le tournage ne suffisent pas, nous ajoutons des sons supplémentaires, provenant soit du tournage lui-même, soit d’effets sonores, soit même d’une bibliothèque sonore partagée par de nombreux monteurs dans le monde ». Partisan du détail, Louise Courvoisier considère chaque étape du processus de création du film comme cruciale : « Je ressens souvent que nous risquons tout à chaque moment de la production du film, d’autant plus que j’adore le travail sur le son. »
« Je suis impatiente de voir les acteurs grimper les marches en tenue de soirée ! »
– La réalisatrice Louise Courvoisier à 42mag.fr.
A trente ans, elle avoue n’avoir jamais envisagé de faire du cinéma… et encore moins de se retrouver à Cannes. Un destin qui doit beaucoup au hasard : Louise Courvoisier voulait surtout quitter ses verts pâturages, la campagne. « Je ne connaissais personne : je viens de la campagne la plus reculée. C’est par hasard : j’ai grandi dans le Jura, dans un petit village. J’avais envie de partir le plus loin possible. A présent, j’ai envie de revenir. J’ai choisi un lycée avec option cinéma pour aller en internat. Ensuite, j’ai intégré la Cinéfabrique à Lyon. J’ai senti que j’avais peut-être des choses à raconter et j’ai découvert la direction d’acteurs. Tout s’est fait naturellement. Et il est vrai qu’on ne nous pousse pas nécessairement à devenir réalisatrice là où je viens. Mais je pense que c’est aussi ce qui forme une identité, de savoir d’où on vient et ce qu’on veut raconter… », elle révèle.
Vendredi 17 mai, Vingt Dieux sera diffusé dans la section Un Certain Regard, avec le rituel de la montée des marches sur le tapis rouge, moment très attendu par Lousie Courvoisier : « On ne pourra pas tous y aller, car nous sommes nombreux, mais j’ai vraiment hâte de voir les acteurs en tenue de soirée ! »