Suite aux allégations portées par Judith Godrèche contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, le magazine « Elle » a divulgué, lundi soir, une investigation qui incrimine le producteur Alain Sarde.
Le Festival de Cannes se prépare cette année sous un ciel assombri par les allégations d’abus sexuels qui persistent dans l’industrie du cinéma, sept ans après le scandale Harvey Weinstein qui a fait exploser le mouvement #MeToo. La veille de l’ouverture de cette 77e édition, Elle a publié les témoignages de neuf femmes qui accusent Alain Sarde, un producteur de renom ayant réalisé plus de 200 films, de viol, de harcèlement et d’agression sexuelle. Le festival peut-il vraiment se préparer comme si de rien n’était ?
Le vent de changement souffle sur la Croisette
Des rumeurs persistantes circulent depuis quelques semaines dans le monde du cinéma français concernant l’existence d’une « liste » d’acteurs, de réalisateurs et de producteurs accusés d’agressions sexuelles. Malgré l’absence de confirmation de la part des médias, le festival se prépare à toute éventualité. Marine Turchi, journaliste spécialiste des violences sexuelles à Mediapart, a tenu à démentir ces rumeurs, affirmant que son média ne publiait pas de listes, mais des enquêtes étayées et fondées. De plus, Muriel Réus, co-fondatrice de l’association #MeTooMedia, a également nié l’existence d’une telle liste, tout en confirmant la poursuite de plusieurs enquêtes journalistiques.
« Non, je ne fais pas des listes »
La réaction la plus notable est celle de Clémentine Charlemaine, co-présidente du collectif 50/50, qui milite pour l’égalité, la parité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel. Elle a exprimé au Parisien son souhait de plus de transparence et d’action de la part de l’industrie. Pendant ce temps, l’actrice Judith Godrèche, figure emblématique de #MeToo en France et qui a accusé deux figures du cinéma d’auteur de viol, s’est vu attribué la responsabilité de la propagation de la prétendue « liste ». Godrèche, qui présentera à Cannes un court métrage sur les violences sexuelles intitulé « Moi aussi », a réfuté ces accusations sur Instagram.
Malgré le déni de certains et les accusations de complotisme portées par d’autres, le festival a pris des mesures préventives. D’après La Tribune du dimanche, la présidence du festival a sollicité les services de l’agence de communication Image 7 pour préparer différents scénarios en cas de révélations sérieuses concernant des membres du jury ou des personnalités en compétition. De son côté, Iris Knobloch, présidente du festival, assure que chaque cas sera examiné individuellement.
« Un festival sans polémiques »
Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a été le premier à aborder frontalement la question lors de la première conférence de presse. Bien qu’il soit conscient de l’atmosphère électrique générée par les rumeurs, il a exprimé sa volonté d’un festival dépourvu de scandales et centré sur le cinéma. Il a justifié la présence du film de Judith Godrèche dans la section « Un certain regard », saluant le travail de l’actrice dans le débat public sur les violences faites aux femmes.
« Judith Godrèche a tracé la voie, et bien plus encore »
Camille Cottin, maîtresse de cérémonie du festival, s’est également exprimée à la veille de l’événement. Elle a souligné l’importance de concilier la célébration du cinéma et la prise en compte des problématiques actuelles. Tout en reconnaissant qu’il n’est pas évident d’allier ces deux aspects durant cette courte cérémonie, elle a insisté sur l’importance de participer à ce mouvement de transformation structurelle et de remise en question. Ainsi, le Festival de Cannes, malgré les défis contemporains, semble déterminé à accompagner les mouvements de justice sociale dans le monde du cinéma.