Chaque jour, Élodie Suigo accueille une célébrité dans son univers. Ce mercredi 8 mai 2024, c’est la réalisatrice et actrice Emmanuelle Bercot qui est mise à l’honneur. Aujourd’hui, elle fait partie du casting du long-métrage « L’Esprit Coubertin » dirigé par Jérémie Sein, qui est désormais disponible dans les salles obscures.
Emmanuelle Bercot est une figure incontournable du cinéma français. En plus d’être une actrice talentueuse, elle est aussi réalisatrice et scénariste. Sa carrière est marquée par une intuition particulière, évidente dans ses écrits, ses interprétations et ses directions. Son travail se caractérise par un engagement soutenu, une franchise et un caractère déterminé. Pour preuve, elle a remporté en 2015 le Prix d’Interprétation du Festival de Cannes pour « Mon roi », un film de Maïwenn. Son film « Elle s’en va » avec Catherine Deneuve lui a valu pas moins de quatre nominations à la Berlinale. On ne peut pas non plus ignorer sa performance époustouflante dans « L’Abbé Pierre – Une Vie de Combat » de Frédéric Tellier. Elle figure actuellement à l’affiche du film « L’Esprit Coubertin » du réalisateur de « Parlement », Jérémie Sein.
Franceinfo : C’est une comédie qui se double d’une forte dimension politique. Le réalisateur a su créer une comédie d’anticipation qui dévoile à quel point la politique et l’hypocrisie sont présentes dans le sport. Est-ce cela qui vous a poussé à participer à ce film?
Emmanuelle Bercot :
Ce qui m’a convaincu, c’est l’angle unique adopté par le film. L’audace de la distribution, avec moi dans le rôle de la coach et Benjamin Voisin dans celui du champion, m’a également séduite. Le réalisateur a montré une curiosité à choisir des acteurs qui ne semblaient pas être des choix évidents pour ces rôles et a évité les clichés. Son approche unique et sa personnalité ont été déterminantes.
‘L’Esprit Coubertin’
Le film met en vedette un quintuple champion du monde de tir. Il est très rigide, sérieux et totalement fermé à tout ce qui l’entoure. Il est gendarme de génération en génération dans sa famille et il est raciste. On peut trouver une correpondance entre lui et Pierre de Coubertin, et l’esprit Coubertin. J’ai l’impression que le réalisateur a également recherché cette dimension.
Emmanuelle Bercot
« Sous l’aspect comique du film, on trouve un discours finement élaboré par le réalisateur. Une critique subtile de l’esprit de compétition et une satire du monde médiatique et politique. »
Les champions sont parfois beaucoup plus que de simples sportifs. Ils représentent également leur entraîneur, leur équipe, un système, une nation. Le film raconte cela, mais le déconstruit également en montrant que ce champion de tir olympique découvre peut-être que la vie ne se résume pas au sport, mais à la fraternité, à l’humanisme et au désir.
« Une petite olympiade femelle à côté de la grande olympiade mâle, où serait l’intérêt ? » A ces mots de Pierre de Coubertin, Emmanuelle Bercot répond : « Quand je lis une telle phrase, je suis soulagée de voir combien le monde a évolué et continue de le faire. C’est abominable de pouvoir dire une telle chose. Dans diverses disciplines sportives et même dans le cinéma, les femmes démontrent leur force et qu’elles méritent leur place aussi bien que les hommes. »
Emmanuelle Bercot :
Mon père était chirurgien cardiaque. J’étais totale fascinée par son métier et je le regardais travailler. J’ai toujours eu une admiration profonde pour le monde médical. Ma mère était intéressée par l’ésotérisme. Ce mélange d’extrêmes a façonné qui je suis aujourd’hui. « J’ai reçu une excellente éducation et j’ai bénéficié d’une grande protection. C’est une grande chance. »
Pourquoi a-t-elle choisi le cinéma? C’est en quelque sorte un accident parce qu’elle a trouvé ce secteur comme une façon d’avoir un emploi en faisant l’école de cinéma, la FEMIS. « C’est important pour moi de toujours être sincère. Je n’entame jamais un film avec l’idée de passer un message spécifique, mais je veux que le spectateur ressente la sincérité dans mon travail. C’est ma seule préoccupation. »