La mairie de Paris a dénoncé un projet de forage pétrolier à environ 80 km au sud-est de la capitale française, le qualifiant de désastre environnemental potentiel. Son service des eaux a saisi la justice pour tenter d'arrêter les travaux, qui, selon lui, pourraient menacer l'eau potable de la ville.
Eau de Paris, l'agence parisienne de l'eau, a déposé une demande urgente de suspension du permis pour le projet d'extension d'un site de forage existant à proximité de la ville de Nonville.
Un tribunal administratif local devrait décider prochainement s'il convient d'accorder un sursis d'urgence.
Quelque 180 000 personnes à Paris et dans sa région s'approvisionnent en eau potable dans les bassins d'évacuation des eaux situés à proximité, a indiqué l'agence de l'eau, avertissant que des forages supplémentaires mettraient en danger l'approvisionnement de la capitale.
Dans un communiqué publié cette semaine, la mairie de Paris, Anne Hidalgo, a dénoncé le projet – autorisé par le gouvernement national – comme « une catastrophe environnementale en devenir, à l'heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées ».
Élimination progressive des combustibles fossiles
La société française Bridge Energies détient depuis 2009 un bail pour forer des hydrocarbures à Nonville, sur une zone limitée à 10 km².
Cela fait plusieurs années qu'elle demande l'autorisation d'agrandir le site, malgré l'opposition locale.
En décembre 2023, le gouvernement national a publié un décret autorisant le forage de 40 km² supplémentaires et de deux puits supplémentaires en plus des trois déjà en place.
Les militants écologistes ont condamné la décision d'autoriser de nouveaux projets d'énergies fossiles, qui, selon Greenpeace France, est « en totale contradiction » avec les engagements du gouvernement d'éliminer progressivement les sources d'énergie très polluantes.
Interrogé cette semaine au Parlement sur le projet de Nonville, le ministre de l'Industrie Roland Lescure a déclaré que le site était autorisé à fonctionner jusqu'en 2034, soit six ans avant la date limite fixée par le gouvernement pour arrêter toute production d'énergies fossiles en France.
Il a ajouté que le projet d'agrandissement était soumis à des conditions strictes, notamment une surveillance étroite des produits chimiques utilisés et de tout impact sur la qualité de l'eau.
La région parisienne représente les deux tiers de la production pétrolière française, le reste provenant du département de la Gironde, au sud-ouest.
Selon Bridge Energies, qui n'a pas commenté publiquement les dernières oppositions à son projet, un seul de ses trois puits de Nonville est actuellement en exploitation, produisant l'équivalent de 75 barils de pétrole par jour.