La rancœur dans la politique française ne montrait aucun signe d’apaisement vendredi après la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale.
M. Braun-Pivet, qui occupait ce poste lors de la précédente législature, a obtenu 220 voix jeudi soir lors du troisième tour de scrutin, devançant ainsi le candidat vétéran de la gauche André Chassaigne et le candidat du Rassemblement national Sébastien Chenu.
Chassaigne, 74 ans, a dénoncé le résultat comme un accord entre le parti du président Emmanuel Macron et le parti Les Républicains.
« Les Républicains, à travers une alliance avec Madame Yaël Braun-Pivet, ont voté pour ce président en échange de postes de responsabilité à l’Assemblée nationale qui seront bien au-dessus de leur poids réel », a déclaré M. Chassaigne dans une interview sur 42mag.fr vendredi.
« C’est une victoire à la Pyrrhus », a déclaré M. Chenu. « C’est contre nature… entre les partisans de Macron et les Républicains qui se sont fait élire il y a quinze jours en se disant opposés à Emmanuel Macron et qui viennent de voter pour Yaël Braun-Pivet. Cela contourne la volonté des électeurs ».
Lors d’un bref discours d’acceptation jeudi soir, Braun-Pivet, 53 ans, a déclaré qu’elle reconnaissait qu’elle était sous pression pour offrir de la cohésion après que les élections parlementaires n’aient pas réussi à produire un parti avec une majorité à la Chambre basse de 577 sièges.
« Ce que nous pouvons nous dire, c’est que nous avons une immense responsabilité », a-t-elle déclaré aux députés. « Il y a des enjeux majeurs et nos décisions, nos actions peuvent changer nos vies.
« Il faut écouter ces messages des électeurs et trouver des solutions, avec de nouvelles méthodes. Cette assemblée est plus représentative des Français, mais aussi plus divisée. Il faut trouver des compromis. »
Macron s’est rendu sur les réseaux sociaux jeudi soir pour présenter ses félicitations.
« Tous ceux qui vous connaissent savent que vous veillerez au respect de la pluralité des opinions et à l’expression de la diversité des sensibilités », a-t-il déclaré.
Mme Braun-Pivet, qui était ministre des territoires d’outre-mer, est devenue la première femme à occuper le poste de présidente du Parlement lorsqu’elle a été choisie pour organiser et modérer les débats parlementaires en juin 2022.
Les tractations se poursuivront vendredi pour désigner les six vice-présidents du Parlement, ainsi que les 12 secrétaires et les trois administrateurs financiers de Braun-Pivet.
Chaque groupe parlementaire est habilité à proposer des candidats pour les différents postes, ainsi que pour les présidents de huit commissions parlementaires permanentes allant des finances et des affaires étrangères à la défense et à la culture.
But
Les dirigeants de gauche ont demandé que l’extrême droite se voie refuser tout poste de pouvoir au sein du Parlement, tandis que certains centristes affirment qu’ils chercheront à bloquer les candidats du Rassemblement national ou de la France insoumise, parti de gauche.
De telles positions vont à l’encontre de la convention selon laquelle la direction de l’Assemblée nationale est généralement issue d’un mélange de groupes parlementaires.
Traditionnellement, la première vice-présidence et au moins un poste d’administrateur financier reviennent à des membres de l’opposition, tandis que le règlement exige expressément que l’opposition préside la commission des finances. Les sièges au sein de ces commissions sont répartis proportionnellement entre les groupes.
Avec plus de 140 sièges, le Rassemblement national est à la tête du troisième groupe parlementaire et a déjà fait savoir qu’il souhaitait occuper le poste le plus important au sein de la commission des finances.