Ils évoquent le risque d’une éventuelle mise en accusation si le président refuse de nommer Lucie Castets au poste de Premier ministre. Le problème, c’est qu’ils semblent être isolés dans cette démarche.
Les partisans de la conflictualisation sont de retour de leurs vacances et s’expriment bruyamment dans la Tribune du Dimanche, où ils lancent une menace claire à l’adresse du président de la République. En effet, si Emmanuel Macron ne désigne pas la candidate du Nouveau Front populaire comme Première ministre, c’est-à-dire Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard et Mathilde Panot sont prêts à initier une procédure de destitution à son encontre.
Ces leaders accusent le président d’exercer « un coup de force institutionnel contre la démocratie » et d’user « d’abus de pouvoir » en refusant d’écouter les revendications de la gauche qui souhaite obtenir la direction du gouvernement. Pour les membres de LFI, se limiter à censurer un gouvernement qui ne leur convient pas n’est pas suffisant ; ils préfèrent directement attaquer le président à l’aide de l’article 68 de la Constitution, qui permet aux parlementaires de révoquer le président de la République.
Les ambitions présidentielles de Mélenchon en toile de fond
Mais quelles sont réellement leurs chances de réussir un tel projet ? Cela semble peu probable, car rapidement, les insoumis se sont retrouvés en désaccord avec leurs partenaires du Nouveau Front populaire. Dans leur appel à la destitution, les dirigeants de La France Insoumise notent qu’il « faudrait évidemment l’expliquer avec soin devant notre peuple ». Il semblerait qu’ils auraient également dû commencer par éclaircir la situation avec leurs alliés, puisque le socialiste Olivier Faure a immédiatement répondu que cette initiative n’engageait que LFI et a affirmé que « la destitution est impraticable », car elle nécessiterait une mobilisation des deux tiers des parlementaires contre le président. Si l’on enlève déjà les députés socialistes ainsi que les écologistes et les communistes qui semblent peu enclins à partager cette initiative, la menace de destitution apparaît comme un coup d’épée dans l’eau et alimente encore davantage les tensions au sein du Nouveau Front populaire, alors qu’ils devraient plutôt s’unir pour convaincre Emmanuel Macron de désigner Lucie Castets lors de la rencontre prévue avec lui vendredi.
Mais pourquoi les insoumis prennent-ils une telle initiative, alors même que leurs alliés ne les soutiennent pas ? C’est sans doute pour affirmer qu’ils ne se rendent jamais et qu’ils restent déterminés, toujours prêts à enrichir le débat politique. De plus, il est probable qu’il y ait des motivations cachées derrière cette hypothétique destitution du président. En cas de succès, une élection présidentielle anticipée serait convoquée, un scrutin lors duquel Jean-Luc Mélenchon espère toujours se présenter. Plus cette élection aurait lieu rapidement, plus les chances pour le leader des insoumis de se positionner comme candidat à gauche seraient élevées, d’autant plus que, jusqu’à présent, aucune figure ne semble s’imposer pour le remplacer, alors qu’inquiétude pour l’avenir, dans deux ans et demi… qui sait ce qui se passera ?