Les membres des Insoumis envisagent de « révoquer » le président de la République si celui-ci refuse de désigner Lucie Castets, la postulante du NFP pour le poste de Premier ministre. Une démarche qui ne rencontre pas le soutien de tous.
La France insoumise envisage de « destituer Emmanuel Macron » si ce dernier continue de refuser de nommer la candidate du Nouveau Front Populaire (NFP), Lucie Castets, à la tête du gouvernement. Pour mettre en œuvre cette menace, LFI souhaite que le Parlement adopte l’article 68 de la Constitution, une initiative que les spécialistes du droit constitutionnel jugent peu probable. Cette position des insoumis pourrait à nouveau créer des fractures au sein de la gauche.
Après le Parti Socialiste et le Parti Communiste, les écologistes affirment qu’ils n’ont « rien à voir avec cela ». « Je ne crois pas que ce sujet ait été approprié ou judicieux à aborder ce week-end. Si j’en avais pensé du bien, je l’aurais dit bien plus tôt. Je doute également qu’il y ait beaucoup de soutien extérieur à cette démarche, à part celui de la France insoumise« , a déclaré Marine Tondelier, la responsable des Verts, sur 42mag.fr le 19 août dernier.
« On comprend clairement qu’il s’agit d’une menace. Je vois bien pourquoi les insoumis adoptent cette position. »
Marine Tondelier, responsable des Vertsà 42mag.fr
« Cela reste dans leur logique. Leur insoumission est une force pour eux. Ce n’est pas la peine d’en faire tout un drame. Inutile d’en discuter indéfiniment cette semaine », a-t-elle ajouté en conclusion.
Marine Tondelier cherche ainsi à apaiser les tensions pour éviter d’arriver affaiblis aux consultations convoquées par Emmanuel Macron le 23 août, alors que l’entourage du président espère voir le NFP se fracturer. Le Nouveau Front populaire a l’intention de se présenter avec quatre partis – insoumis, écologistes, communistes et socialistes – pour soutenir leur candidate Lucie Castets, mais elle est toujours non désirée par le chef de l’État.
Demande de tenue d’un bureau national au PS
Cependant, certains socialistes s’opposent à une visite à l’Élysée avec LFI tant que cette dernière maintient sa menace de destitution. C’est notamment le cas des opposants à Olivier Faure, qui exploitent chaque déclaration de LFI pour remettre en question l’union de la gauche. On peut citer le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, ainsi que la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy. Cette dernière demande même la convocation d’un bureau national du PS afin de définir les objectifs et la stratégie à adopter, c’est-à-dire de décider collectivement ou individuellement de la manière d’aborder la rencontre du 23 août.
Ces socialistes souhaitent également clarifier les points à discuter avec le président de la République et déterminer ce que pourrait accepter, ou non, le Parti Socialiste. Cela nécessite beaucoup d’échanges alors qu’Emmanuel Macron alterne entre des mesures controversées et des périodes de négociations.
La préparation de la prochaine élection présidentielle à l’horizon
Avec cette déclaration, Jean-Luc Mélenchon et son groupe risquent d’affaiblir le NFP, afin de « reprendre le contrôle sur le agenda politique », selon un proche de Lucie Castets. « L’avertissement que LFI a lancé a déjà produit des effets, ayant radicalisé le PS qui soutient désormais une motion de censure, et cela est un résultat positif », a titillé Jean-Luc Mélenchon sur son blog.
Le leader insoumis cherche à anticiper les mouvements de la classe politique pour affirmer qu’il est le mieux placé pour représenter l’alternative aux partisans de Macron, avec pour objectif de créer un « affrontement décisif ». Le slogan « eux ou nous », qui oppose l’extrême droite à LFI, demeure la théorie défendue par le leader insoumis, qui célèbre son 73e anniversaire ce lundi. Un parlementaire communiste s’amuse à constater : « Avant de penser à la prochaine présidentielle, veillons d’abord à faire respecter les résultats des dernières législatives ».