L’organisme Projet Animaux Zoopolis (PAZ) a initié une pétition visant à annuler une avant-première prévue à Montreuil. Il reproche à l’équipe de production d’avoir sollicité les services de dresseurs spécialisés dans les animaux sauvages.
Le 16 octobre prochain, le plus célèbre des jeunes faons fera son grand retour sur les écrans de cinéma. Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois, est une nouvelle production du réalisateur français Michel Fessier, connu pour sa collaboration étroite avec Luc Jacquet sur le film La Marche de l’Empereur en 2004. Toutefois, ce nouveau Bambi, narré par la chanteuse Mylène Farmer, est au cœur d’une polémique. L’association de défense des animaux Projet animaux zoopolis (PAZ) reproche à la production d’avoir employé des « dresseurs d’animaux sauvages« . Bambi, incarné par un véritable faon, ainsi que Panpan le lapin, la vaillante biche, l’ombrageux hibou et, bien sûr, le père de Bambi, prince de la forêt, grand cerf sage et libre, sont selon l’ONG, privés de leur liberté.
Ces animaux, véritables « acteurs » du film, ont tous été élevés en captivité pour répondre aux besoins du tournage. Monsieur Hibou vit dans une volière, Bambi dans un enclos. Bien qu’ils soient nourris par l’homme, l’association insiste sur le fait qu’ils restent des animaux sauvages, avec le même patrimoine génétique et les mêmes nécessités que ceux de leurs congénères vivant en liberté. « Pour quelques minutes à l’écran, les animaux sont privés de liberté toute leur vie et subissent la violence du dressage. Alors même qu’il existe des alternatives techniques pour représenter des animaux à l’écran (images de synthèse, animatronique, extraits vidéo issus de banques d’images…)« , explique Amandine Sanvisens, co-fondatrice de PAZ. Cette association a lancé une pétition pour demander que le long-métrage ne soit pas projeté au Festival du film de Montreuil, où il doit être montré en avant-première le dimanche 29 septembre.
La mairie déplore une tentative de « censurer des œuvres d’art »
Contactée par 42mag.fr, Alexie Lorca, adjointe au maire en charge de la culture à Montreuil, affirme qu’elle ne participe pas à la programmation du cinéma public, auquel elle dit « faire entièrement confiance« . Elle exprime son désaccord face à ce qu’elle considère comme une volonté de « censurer des œuvres d’art« , tout en annonçant qu’un débat aura lieu après la diffusion du film dimanche. Alexie Lorca souligne également que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a parrainé ce dernier Bambi. Interrogée par 42mag.fr, la LPO justifie son soutien au film en expliquant qu’il « sensibilise à la vie sauvage » et assure que les animaux « n’ont subi aucune maltraitance » durant le tournage.
En fin de compte, la raison pour laquelle ce nouveau Bambi fait tant de vagues, c’est qu’il met en lumière la question de la relation entre les humains et les animaux, ainsi que ce qui les sépare. Il remet également en question nos comportements collectifs envers la vie sauvage et, peut-être, de manière plus générale, envers les plus vulnérables et les démunis. Comme l’a écrit Félix Salten en 1923, auteur du premier Bambi : « les animaux libres sont séparés des captifs par un fossé aussi large que celui qui sépare les riches des pauvres« .