Sans qu’une alliance se forme entre le Nouveau Front populaire, les partisans de Macron et Les Républicains, le Rassemblement national paraît avoir la capacité de décider du sort de tous les gouvernements.
Mardi 8 octobre, le gouvernement dirigé par Michel Barnier a réussi à échapper à la motion de censure proposée par la gauche. Cette issue n’a pas été une surprise, car la motion n’a obtenu que 197 voix, bien en deçà des 289 nécessaires pour renverser le gouvernement. La décision du Rassemblement national de ne pas soutenir la motion a été cruciale pour Michel Barnier. Bien que le parti de Marine Le Pen ait été tenté de voter contre le gouvernement, comme l’admet le député RN Guillaume Bigot, il a choisi de s’abstenir. Pour Marine Le Pen, il est trop tôt pour agir contre le gouvernement qu’elle préfère laisser s’exposer davantage. Cette attitude a provoqué l’indignation au sein de la gauche, avec le leader du PS, Olivier Faure, accusant le Premier ministre de « faire des concessions à l’extrême droite » et déclarant : « Vous passez du front républicain à l’affront républicain. » En effet, il semble que le front républicain ait définitivement disparu depuis le vote du 7 juillet dernier.
Mais qui est responsable de cette situation ? Il y a plusieurs responsables, un peu à la manière du célèbre roman d’Agatha Christie, Le Crime de l’Orient-Express, où chacun a sa part de culpabilité. Emmanuel Macron, avec son pragmatisme calculé, a désigné un Premier ministre de droite alors que le parti Les Républicains a terminé cinquième aux élections législatives et n’a jamais été aussi faible électoralement et au Parlement. La gauche joue également un rôle, à cause de son attitude rigide. Le Parti socialiste a même saboté les possibilités de Bernard Cazeneuve, qui a résumé cette manœuvre en disant : « Par des épurations excessives des modérés à gauche, on finit par subir la véritable droite. » C’est Jean-Luc Mélenchon qui avait porté le premier coup lors du soir du second tour des élections législatives, en exigeant l’application totale du programme du Nouveau Front populaire.
Les citoyens ont dépassé leurs divergences
Bien que la gauche soit arrivée en tête lors de ces élections, ce que les députés du Nouveau Front populaire n’ont pas manqué de rappeler mardi pour justifier la motion de censure, le véritable gagnant des législatives était le Front républicain. Tant que le Nouveau Front populaire, les macronistes et Les Républicains ne trouveront pas un terrain d’entente, Marine Le Pen continuera à dicter la survie politique de tous les gouvernements du moment, y compris celui de Michel Barnier, et peut-être un autre gouvernement de gauche à l’avenir. Le 7 juillet, les électeurs de gauche, du centre et de droite ont mis de côté leurs divergences partisanes pour s’unir autour de l’essentiel, à savoir repousser l’extrême droite. Malheureusement, comme cela arrive souvent, leurs représentants ne parviennent pas à être à la hauteur des attentes de ceux qui les ont choisis.