Les décisions annoncées par Michel Barnier concernant la réduction du déficit suscitent des tensions parmi les partisans de Macron. Gérald Darmanin, qui a précédemment occupé le poste de ministre de l’Intérieur, a déjà fait savoir qu’il s’opposerait à toute augmentation des taxes.
Les récentes augmentations d’impôts proposées par Michel Barnier provoquent des divisions au sein de la coalition fragile qui soutient le gouvernement. En effet, c’est un véritable revirement que le Premier ministre justifie par la dégradation significative des finances publiques. La droite essaie tant bien que mal d’accepter cette décision, même si certains députés de l’équipe de Laurent Wauquiez montrent leur mécontentement. Cependant, du côté des macronistes, la situation est bien plus instable. « Ce projet est inacceptable, » a déclaré Gérald Darmanin, le jeudi 3 octobre, sur France Info.
L’ancien ministre de l’Intérieur refuse de soutenir toute augmentation d’impôts. Il se montre préoccupé par la possible remise en question des allègements de charges pour les entreprises ou encore par une éventuelle hausse de l’impôt sur les sociétés. Gabriel Attal a lui aussi expressément déclaré qu’une hausse d’impôts constituait une « ligne rouge » pour son soutien au gouvernement. En défendant l’activité économique, le travail et la politique de l’offre, principes fondateurs du macronisme économique, de nombreux députés du groupe Ensemble pourraient s’abstenir, et certains pourraient même voter contre le budget proposé.
Le débat parlementaire s’annonce donc tumultueux, mais l’opposition des macronistes révèle également une faiblesse au sein du camp présidentiel. Emmanuel Macron a lui-même reconnu, jeudi, la nécessité d’une « taxation exceptionnelle » des « grandes entreprises » à condition qu’elle soit « temporaire ». Cependant, il n’est pas certain que ces déclarations suffisent à convaincre les députés réticents de suivre la ligne du parti. Les tensions montrent à quel point, sous l’impulsion de Gabriel Attal, le groupe Ensemble semble s’affranchir de l’influence présidentielle. De plus, le bloc centré se retrouve dans une situation stratégique compliquée. Éditorial.
La maxime « en même temps » de moins en moins en vogue
Les macronistes sont alliés à un Premier ministre qui n’hésite pas à leur rappeler leurs solutions passées, et Michel Barnier ne ménage aucun effort pour le faire remarquer à Gabriel Attal. Ils participent aussi à un gouvernement qui prend des décisions en contradiction avec la politique menée il y a quelques mois seulement. Entre les questions fiscales et les déclarations fermes de Bruno Retailleau sur la sécurité et l’immigration, l’ensemble de l’édifice macroniste semble sur le point de s’effondrer. Le groupe Ensemble a déjà subi la défection de plusieurs députés. Déjà complexe à appliquer lorsqu’ils étaient à Matignon, le fameux « en même temps » macroniste, et sa version actuelle, qui ressemble à un pied dedans, un pied dehors, devient intenable lorsque l’on est simple passager d’un véhicule dont on a dû laisser le volant.