Le projet « Marseille en grand » a été conçu pour combler les lacunes accumulées au fil des années dans la deuxième plus grande ville de France. Certains de ses quartiers font partie des plus démunis du continent européen. Ce plan se distingue par son ampleur financière et la richesse de ses initiatives, visant à être un dispositif exceptionnel.
Elle n’a pas mâché ses mots. La Cour des comptes a vivement critiqué le suivi jugé « insuffisant » du projet « Marseille en grand », trois ans après son inauguration en grande pompe par Emmanuel Macron, selon un rapport paru le lundi 21 octobre. En conséquence, ce projet progresse à un rythme très lent : à la fin de 2023, à peine 1,31% du budget total promis – qui s’élève à plus de 5 milliards d’euros – avait été distribué par l’Etat, d’après le rapport.
Le programme ambitionne de rénover des écoles délabrées, d’améliorer le réseau de transports en commun dans une ville ne disposant que de deux lignes de métro pour ses plus de 870 000 habitants, de réduire les disparités géographiques et sociales entre le nord et le sud de la ville et d’augmenter les effectifs de police. Ce projet était censé être « hors du commun » par son ampleur et ses objectifs, dans l’espoir de combler les retards accumulés par la deuxième ville de France, dont certains secteurs sont parmi les plus démunis d’Europe.
Néanmoins, la Cour souligne que « l’exceptionnalité et l’aspect global du plan ‘Marseille en grand’ doivent être relativisés ». En réalité, les nouveaux financements ne représentent que 28% – soit 1,55 milliard d’euros – de la somme totale annoncée. Conçu « hâtivement » et « sans consultation préalable des parties prenantes », le projet souffre d’un « manque de cohérence générale ».
Etat, ville et métropole se renvoient la responsabilité
Le rapport critique aussi l’absence d’un « calendrier global » et « la faiblesse de la gouvernance et des outils de gestion » entre les divers participants, à savoir l’Etat, la municipalité de Marseille et la métropole. « Les ressources qu’a allouées l’Etat pour le suivi du projet ne correspondent pas aux enjeux et peuvent être qualifiées de dérisoires », précise-t-elle.
La Cour recommande donc de mettre en place « un cadre contractuel » avec un calendrier et un système d’évaluation, et de « définir des structures de gouvernance » incluant « les différentes parties dans une structure commune ». Dans leurs réponses adressées à la Cour, l’Etat, la municipalité et la métropole se rejettent mutuellement la responsabilité, et les services du Premier ministre mettent en avant une « absence de consensus parmi les acteurs locaux » et une incapacité de la part « des collectivités locales à s’aligner sur les ambitions du projet ».