Selon Victor Castanet, écrivain du livre « Les Ogres », il existerait une « complicité » entre Aurore Bergé, députée du parti Ensemble pour la République, et Elsa Hervy, responsable de la Fédération française des entreprises de crèches. Cette collusion viserait à « minimiser la crise » et à se protéger réciproquement dans le cadre des établissements d’accueil privés pour jeunes enfants, comme expliqué sur 42mag.fr.
Réseaux de soutien : Aurore Bergé et Elsa Hervy sous les feux de la rampe
Ce jeudi, Victor Castanet, auteur du livre intitulé Les Ogres, soutient, preuves à l’appui, qu’un accord tacite existait entre Aurore Bergé, membre du mouvement Ensemble pour la République, et Elsa Hervy, représentante des entreprises de crèches françaises. Selon lui, cet arrangement visait à "surmonter l’affaire en cours et se protéger mutuellement" face aux controverses impliquant les crèches privées, comme expliqué lors de son entretien sur 42mag.fr.
En début de semaine, Aurore Bergé avait déjà révélé avoir déposé une plainte pour "diffamation", contestant ainsi les relations établies entre elle-même et le lobby des crèches privées, présentées dans l’œuvre journalistique de Victor Castanet. Ce dernier reproche à l’ex-ministre des Solidarités d’avoir freiné la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur les dysfonctionnements des crèches privées. L’objectif principal était d"éviter une crise majeure", selon ses dires. "Je dispose de plusieurs enregistrements et documents que j’ai décidé de divulguer publiquement", a-t-il déclaré lors de l’entretien.
42mag.fr : Persistez-vous à dire qu’il y a eu des interactions significatives entre Aurore Bergé, ex-ministre, et Elsa Hervy, représentante du privé ?
En effet, de nombreux témoignages issus à la fois du milieu ministériel et du secteur privé rendent compte de cette dynamique. Durant plus de deux ans, ces informations ont été collectées, et aujourd’hui, j’ai à disposition un dossier substantiel que je souhaite partager. Il y a un an, deux publications sont sorties ciblant le secteur des crèches privées, déclenchant ainsi une controverse. À ce moment-là, une entente était apparente entre Aurore Bergé, alors ministre des Solidarités et des Familles, et Elsa Hervy. Cela visait à "étouffer le scandale" et à se protéger mutuellement d’éventuelles retombées.
Cependant, Aurore Bergé a précisé que ses relations avec Elsa Hervy n’étaient que professionnelles, n’ayant jamais eu de rencontre individuelle…
Je possède de nombreux enregistrements et pièces écrites. Trois d’entre eux, que je qualifie de très révélateurs, ont ainsi été sélectionnés pour être rendus publics. Le premier remonte à août 2023, moment où Aurore Bergé accède au poste de ministre des Solidarités et des Familles. Elsa Hervy envoie alors un email à l’entourage d’Aurore Bergé, vantant cette dernière dans une interview récente aux Échos. Ce message est transmis à Aurore Bergé par sa directrice de cabinet, notant que Elsa Hervy semblait plus conciliante après avoir été critique envers l’ancien ministre, Jean-Christophe Combe. À cela, Aurore Bergé répond par : "C’est surtout une copine", accompagné d’un émoticône, "elle sera très précieuse à mes côtés".
Ne craignez-vous pas qu’Aurore Bergé vous accuse de sortir ces éléments de leur contexte ?
Non, elle a même nié l’existence de cet email. C’est pourquoi, avec l’approbation des sources, y compris des collègues ministériels, j’ai décidé de le rendre public. Toute cette documentation est soigneusement compilée dans le livre. Lorsque les preuves ont été mises en doute, j’ai choisi de les divulguer afin de lever toute ambiguïté. Cela comprend les dates, les destinataires concernés. J’ai également des échanges sur WhatsApp datant d’octobre 2023, durant la polémique. Elsa Hervy relance la ministre, exprimant son soutien par un communiqué à ses nouvelles annonces. Aurore Bergé transmet cette réaction à ses équipes, ajoutant : "Mes meilleurs alliés". Cela montre qu’elle considère les membres de la Fédération des crèches privées comme des alliés proches. Suite à la révélation de ces faits, certains membres de son cabinet ont quitté leurs fonctions.
Pourquoi une association amicale entre la ministre et Elsa Hervy poserait-elle problème pour une réforme du secteur ?
Il est curieux que, malgré la tourmente du secteur il y a un an, aucune critique ne venait des membres influents de la Fédération des crèches privées, bien au contraire. Ils semblent avoir eu un mot à dire sur les décisions de la ministre, lui transmettant leurs attentes qu’elle reprenait lors de ses discours. En retour, Aurore Bergé promettait à ces acteurs qu’elle veillerait de près au dossier, introduisant des rencontres régulières théoriquement. Toutefois, aucune rencontre de ce genre n’a eu lieu, et les problèmes sous-jacents demeurent non résolus.
« Il s’agit ici essentiellement de communication, d’apaiser une controverse sans pour autant aborder véritablement les problèmes structurels. »
Victor Castanetsur 42mag.fr
Néanmoins, Aurore Bergé avance qu’elle a modifié la législation, rejetant ces accusations comme de simples « rumeurs et diffamations ».
Ce n’est pas fondé sur des rumeurs ni sur de la diffamation. Des collaborateurs de la ministre et certains membres de la fédération confirment ces faits. Concernant la commission d’enquête, c’est une problématique majeure. J’ai rassemblé diverses sources indiquant qu’Aurore Bergé, conjointement avec Elsa Hervy, ont tenté d’empêcher l’installation d’une commission d’enquête concernant ces questions. Malgré l’opposition des députés macronistes, elle s’est finalement tenue. Pour en réduire l’impact et mieux la contrôler, on a élargi son champ d’action à l’ensemble du secteur plutôt qu’aux seuls acteurs privés, en nommant à sa tête des personnes opposées à sa mise en place.
Quel serait l’avantage pour elle ?
L’objectif était principalement de se préserver d’un scandale, ce qui s’est effectivement produit en seulement quelques jours. En une semaine, la polémique majeure était déjà oubliée. Contrairement à son prédécesseur, Jean-Christophe Combe, Aurore Bergé a bénéficié d’un soutien indéfectible de la part de la fédération pendant toute la durée de son mandat.
Faut-il parler de collusion entre la ministre et la Fédération des crèches privées ?
À l’intérieur du mouvement macroniste, certaines figures empêchent la progression de certaines initiatives, notamment au niveau de l’Assemblée nationale. J’ai appris que des députés souhaitaient m’auditionner au sein de la commission des Affaires sociales pour prendre en charge le dossier de la petite enfance. Certains ont reçu des messages leur demandant de surseoir à ces actions. D’autres, voulant constituer un groupe de travail "Petite enfance", ont reçu des textos d’Aurore Bergé exprimant son désaccord face à cette démarche.