Dimanche, Gérald Darmanin a proposé des suggestions pour réduire les dépenses, en visant à encourager les Français à « travailler davantage ». Ce sujet suscite des discussions animées parmi les politiciens depuis près de deux décennies, depuis que la semaine de 35 heures a été mise en place dans les années 2000.
Dans une entrevue accordée à Les Échos le lundi 6 octobre, Gérald Darmanin a suggéré de mettre définitivement un terme aux 35 heures de travail dans le secteur privé et d’augmenter cette durée à 36 ou 37 heures dans le secteur public. D’après lui, une telle approche pourrait être favorable pour redresser les finances publiques. Actuellement, le temps de travail des Français dépasse déjà les 35 heures hebdomadaires. L’Insee indique qu’en 2022, la durée hebdomadaire habituelle de travail pour l’ensemble des actifs en France est supérieure à 37 heures. Cependant, ce chiffre cache de nombreuses disparités. Par exemple, pour les salariés à temps plein du secteur privé, le compte monte presque à 39 heures. Les cadres atteignent plus de 41 heures, tandis que les agriculteurs travaillent bien au-delà, franchissant la barre des 50 heures par semaine.
Ces statistiques concernent le temps de travail réel qui, depuis la pandémie de COVID-19, tend à augmenter. Les 35 heures semblent donc de moins en moins représentatives de la réalité du travail. De plus, depuis leur introduction dans les années 2000, de multiples lois sont venues modifier, assouplir et réajuster ce cadre légal.
La question soulevée par Gérald Darmanin concerne le coût lié à ces heures de travail, mais cela varie considérablement en fonction des conventions collectives et des accords d’entreprise. Une fois les 35 heures dépassées, on entre dans le domaine des heures supplémentaires qui, bien qu’induisant un coût plus élevé et étant majorées, peuvent bénéficier d’exonérations de charges, de compensations ou encore de jours de RTT.
Un système complexe et une source potentielle de tensions
La complexité du système est telle qu’aujourd’hui, dans les entreprises, personne ne souhaite vraiment remettre en question les 35 heures. Ce n’est d’ailleurs pas une revendication concrète des employeurs. Ces derniers affirment avoir consacré énormément de temps à la négociation d’accords et à l’adaptation de l’organisation du travail, et ne souhaitent donc pas revenir en arrière.
De plus, toucher aux 35 heures pourrait représenter une véritable bombe sociale, avec les syndicats prêts à réagir vivement, augmentant le risque d’un conflit social intense. Enfin, une telle mesure pourrait compliquer davantage les embauches, dans un contexte où les employés recherchent davantage d’équilibre entre leurs vies personnelle et professionnelle. Ils sont notamment sensibles à des propositions comme la semaine de quatre jours ou la réduction à 32 heures de travail hebdomadaire.
Comparativement à d’autres pays, les Français travaillent moins, et là réside une partie du problème. Le déficit de la France touche principalement la durée de travail totale au cours de la vie. En effet, les Français intègrent le marché du travail tardivement et, concernant l’emploi des seniors, le pays est en retard par rapport aux autres. Pour ce qui est du financement du système social, l’équation actuelle semble insoutenable.