Le ministère garantit que les paiements des loyers seront effectués, même s’il y a un délai dans le règlement.
En prenant ses nouvelles responsabilités au poste de ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a découvert que la gendarmerie n’honorait plus le paiement des loyers dans plusieurs municipalités françaises entre septembre et novembre, a-t-on appris ce mardi 8 octobre via 42mag.fr par des sources proches du ministre. En raison d’un déficit financier significatif, la gendarmerie a été contrainte de suspendre le règlement des loyers pour ses bureaux et logements de fonction dans diverses communes de l’Hexagone, comme l’a révélé France Bleu. Selon les renseignements obtenus par 42mag.fr, la directive de cesser les paiements provenait directement de l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
À la rentrée de septembre, Gérald Darmanin avait demandé à la gendarmerie de repousser le règlement des loyers de septembre à novembre en attendant les nouveaux crédits prévus pour la fin d’année, a indiqué l’entourage du ministre actuel à 42mag.fr. Cette décision découle, selon la même source, de trois principaux facteurs.
Le premier problème est une insuffisance budgétaire initiale approchant 200 millions d’euros. Ensuite, le ministère n’avait pas prévu les dépenses liées aux opérations en Nouvelle-Calédonie, suite à l’envoi de nombreux gendarmes dans la région ces derniers mois. La troisième raison, selon les conseillers de Bruno Retailleau, réside dans l’absence d’une évaluation adéquate des coûts liés à la sécurisation des événements des Jeux olympiques et paralympiques.
Une interruption de paiement momentanée
C’est cette situation qui a obligé le ministère de l’Intérieur à faire des choix, priorisant les dépenses urgentes comme celles de l’activité opérationnelle et du carburant, expliquent encore les conseillers de Bruno Retailleau. Le ministère garantit que cet arrêt de paiement est temporaire et que les loyers seront réglés, bien qu’en retard, une fois que les crédits supplémentaires seront libérés en décembre, à hauteur de 320 millions d’euros.
Pour éviter de nuire aux petits bailleurs, qu’ils soient des particuliers ou de petites collectivités, ce report de paiement ne les concerne pas, précise l’entourage du ministre. De même, les locations en Outre-mer ne sont pas affectées. Le ministère a demandé aux commandants de gendarmerie régionaux et aux préfets de réagir immédiatement en cas de difficultés de paiement compromettant un bailleur fragile.
Une problématique récurrente
Le ministère de l’Intérieur affirme comprendre le « déplaisir légitime » engendré par cette situation dans les municipalités concernées. Le ministre souligne être conscient de la mauvaise image que cela donne d’un État qui a mal anticipé. Bruno Retailleau, selon ses proches, espère que tout rentrera dans l’ordre au début de l’année prochaine.
Néanmoins, ce problème n’est pas inédit, mais bien une situation récurrente pour la gendarmerie, comme le souligne la Cour des comptes dans ses rapports. D’après cette institution, chaque année, des dizaines de millions d’euros de loyers ne sont pas payés à temps par la gendarmerie, atteignant 170 millions d’euros à l’échelle nationale en 2023, 220 millions d’euros en 2021, et même plus d’un milliard en 2020, une année exceptionnelle due à la pandémie de Covid.