cinéma français L’Histoire de Souleymane (L’histoire de Souleymane) met en lumière la vie d’un migrant guinéen sans papiers. Récompensé par deux prix au Festival de Cannes, il attire l’attention sur le sort réel de l’acteur principal Abou Sangaré, qui attend toujours un visa pour pouvoir rester en France.
Combinant expériences réelles et histoire semi-fictionnelle, le réalisateur français Boris Lojkine mêle les ingrédients du cinéma documentaire au rythme d’un thriller – où le personnage principal se bat contre la montre.
Souleymane, interprété par Sangaré, est un jeune homme qui a laissé derrière lui un fiancé et une mère malade pour chercher des opportunités en France. Il n’a aucun papier officiel et il tente de demander l’asile.
Lojkine crée une tension cinématographique en filmant Souleymane sur son vélo alors qu’il court dans les rues de Paris en livrant de la nourriture pour une somme dérisoire, sous une fausse identité.
« C’était très important pour moi d’avoir une forme de précarité pour la caméra car faire du vélo dans la circulation, c’est précaire. C’est dangereux », a déclaré Lojkine à 42mag.fr, précisant que l’action se déroule en l’espace de 48 heures.
Le mouvement constant donne au film un sentiment d’urgence et constitue une métaphore de la vulnérabilité de ces livreurs et de la situation précaire dans laquelle ils se trouvent.

Qu’il pleuve, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, Souleymane fait face à un personnel de restaurant grincheux, à des clients impolis et même à un accident de vélo. Il retourne ensuite au refuge géré par une association caritative où il peut se reposer un moment avant de recommencer.
Pendant ce temps, il répète ce qu’il dira à l’agence française pour l’asile lors de son rendez-vous dans deux jours. Il essaie de réunir l’argent nécessaire pour payer les conseils d’un « spécialiste » qui lui a concocté une histoire concoctée pour réussir l’examen : il est un réfugié, persécuté dans son pays d’origine en raison de son activisme politique.
Lojkine dit avoir voulu raconter l’histoire d’un homme qui ne rentre pas dans la catégorie simpliste du « bon migrant ». Souleymane ment pour obtenir ses papiers, mais c’est un mensonge construit sur une souffrance humaine tout aussi poignante et désespérée.
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Que feriez-vous?
La question de Lojkine au spectateur est simple : que diriez-vous si vous aviez le pouvoir de décider si Souleymane obtient ou non l’asile ?
« C’est le genre de personne que l’on croise tous les jours, sans jamais parler, sans jamais connaître son histoire », dit le réalisateur, insistant sur le fait que mettre cette catégorie invisible de personnes sous les projecteurs aide les autres à les humaniser.
Le film met également en lumière le paradoxe dans lequel se trouve la France : d’une part, elle a besoin de travailleurs pour combler les lacunes du marché du travail, mais elle refuse également de voir la réalité et l’identité des personnes disposées à occuper ces emplois.

Alors qu’il passait des auditions pour des acteurs non professionnels, Lojkine a croisé le Guinéen Sangaré à Amiens, ville où le jeune homme avait tenté à plusieurs reprises d’obtenir un visa formel sans succès, alors qu’il était arrivé en France mineur en 2017.
Son histoire n’est pas la même que celle de Souleymane, mais elle est similaire. Comme beaucoup de jeunes hommes, Sangaré a quitté son pays dans des circonstances difficiles et Lojkine se dit bouleversé par la présence charismatique du jeune homme de 23 ans à l’écran.
« Il avait clairement quelque chose que personne d’autre n’avait. Il était extrêmement charismatique, à la fois très précis, très intense, avec une tension intérieure qu’on ressent très fortement à l’écran.
Révision de l’immigration
Lojkine espère qu’en remportant le Prix du Jury ainsi que celui du Meilleur Acteur pour Sangaré dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes, le film attirera l’attention sur la situation de Sangaré.
« Après Cannes, j’espérais que les choses s’arrangeraient », a-t-il déclaré à l’hebdomadaire. Le Journal du Dimanche. « Mais nous sommes dans une situation politique délicate et les choses se sont en quelque sorte arrêtées. »
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Il craint que les perspectives ne soient sombres pour des personnes comme Sangaré, surtout après que le nouveau ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a appelé à une refonte du système d’immigration et à des règles plus strictes pour les personnes arrivant sans papiers.
Par ailleurs, les médias français ont rapporté vendredi que Sangaré, à qui on a proposé un emploi de mécanicien à Amiens, avait reçu un visa temporaire de six mois en attendant l’évaluation de sa demande de permis de travail.
Sangaré est « soulagé », a déclaré son agent à la presse, mais « bien conscient » que cette histoire est loin d’être terminée.

L’Histoire de Souleymane est sorti en France le 9 octobre 2024.