Durant le premier mandat d’Emmanuel Macron, il a été une personnalité influente. Aujourd’hui, ce ministre, après avoir pris la tête de Business France, se voit confier la mission délicate de finaliser un projet de loi de finances, alors que le climat politique et économique est particulièrement tendu.
Le parcours de Laurent Saint-Martin : un acteur clé dans l’économie française
Il y a à peine quelques semaines, Laurent Saint-Martin apparaissait fréquemment dans les médias spécialisés, en tant que directeur de Business France. Cette institution œuvre pour promouvoir les entreprises françaises à l’international. Le 12 août, alors qu’Emmanuel Macron cherchait un nouveau Premier ministre, Saint-Martin était invité dans un podcast de BFM Business. Lors de cette intervention, il a exprimé que « les investisseurs internationaux ont besoin de stabilité » et qu’il était crucial pour la France de maintenir sa politique d’attractivité. Ce message faisait écho aux attentes des chefs d’entreprises vis-à-vis de la nouvelle équipe gouvernementale. Puis, le 21 septembre, il a été nommé ministre en charge du Budget, sous la direction de Michel Barnier et non du ministre de l’Économie. « Lorsque le Président et le Premier ministre vous proposent une telle position, il est difficile de refuser », a-t-il confié à 42mag.fr.
À 39 ans, cet ancien rapporteur général du budget, élu sous la bannière LREM entre 2017 et 2022 dans le Val-de-Marne, fait un retour retentissant. Cependant, il occupe maintenant un poste particulièrement exigeant. Laurent Saint-Martin assure être prêt à affronter les défis et déclare : « Je suis conscient des difficultés, mais l’adversité m’a toujours stimulé. » Pour Anne-Laure Cattelot, ancienne députée macroniste, sa mission est comparable à un « sacerdoce ». Lors de sa récente nomination, elle a souligné que cet ancien camarade allait probablement attirer des critiques venant de ses précédents alliés.
Défis budgétaires majeurs
Laurent Saint-Martin, qui avait géré les finances de la campagne d’Emmanuel Macron en 2022, doit maintenant finaliser le budget de l’année suivante, décrit par Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, comme « l’un des plus complexes de la Ve République ». En effet, avec un déficit susceptible de franchir la barre des 6% du PIB, il lui faudra identifier 60 milliards d’euros d’économies. Le tout dans un contexte politique délicat, où le gouvernement ne possède qu’une courte majorité relative à l’Assemblée nationale.
La dynamique interne à Bercy
« Difficile d’être mieux choisi pour cette mission », affirme Charles Rodwell, député Ensemble pour la République, en vantant la modération et l’ouverture au dialogue de Saint-Martin. Depuis 2016, il est un fidèle soutien d’Emmanuel Macron, ayant brièvement fréquenté le Parti socialiste entre 2009 et 2012. De Toulouse, amateur de rugby, il était autrefois capitaine du XV parlementaire. « Être rugbyman, c’est aussi avoir un sens aigu du collectif », plaisante Jean-René Cazeneuve, député du Gers.
À une époque différente, en pleine crise sanitaire, Saint-Martin portait la politique du « quoi qu’il en coûte » pour encourager une économie paralysée. Anne-Laure Cattelot décrit cette période comme celle où il était « apprécié » pour sa distribution généreuse de fonds. Elle se demande toutefois : “Sera-t-il aussi efficace en tant qu’économe ?”
Ayant perdu son siège lors des dernières élections législatives, battu par le jeune Louis Boyard de la France Insoumise, et après avoir échoué aux régionales de 2021, Laurent Saint-Martin n’est pas retourné sur le terrain électoral après les dissolutions prononcées par le président, suscitant des critiques au sein de l’ex-majorité présidentielle.
Un fardeau politique
La nomination de Saint-Martin est accueillie avec scepticisme par certains. Un parlementaire souligne qu’il est « politiquement faible » face à Jérôme Fournel, qui joue un rôle crucial en préparant et finalisant le budget. Cette situation tendue pousse à se demander si Laurent Saint-Martin aura vraiment son mot à dire.
En dépit de cela, il est résolu à porter le budget pour 2025, en ligne avec la stratégie de l’offre d’Emmanuel Macron. Le ministre du Budget se montre farouchement opposé à des augmentations d’impôts depuis ses déclarations en 2020 : « Il n’y aura pas de hausse de la pression fiscale pendant notre mandat. » Toutefois, il reconnaît maintenant que la situation économique s’est détériorée, nécessitant de nouvelles mesures.
Ajustements nécessaires
Maintenant, 20 milliards d’euros de hausses d’impôts et 40 milliards de coupes dans les dépenses publiques sont envisagés. Les augmentations fiscales cibleront notamment les ménages les plus aisés et les grandes entreprises. Michel Barnier parle d’une contribution « temporaire » pour environ 300 entreprises. Pourtant, certains membres du groupe EPR, comme Denis Masséglia, expriment un scepticisme légitime concernant la nature temporaire de cette réglementation fiscale.
Au sein du groupe présidentiel, la ligne directrice reste : « pas de hausses d’impôts. » Cette position fragilise la situation de Laurent Saint-Martin vis-à-vis de ses collègues. Lors d’une réunion avec l’ancienne majorité, sa posture était « inconfortable » selon un député EPR.
Défis parlementaires
Des figures influentes, à l’instar de Gérald Darmanin, affichent publiquement leur désaccord en assurant qu’ils ne voteront pas pour le budget. Mathieu Lefèvre critique un « choc fiscal » comparable à celui de François Hollande, et Charles Rodwell refuse toute augmentation d’impôts si la situation actuelle persiste.
Malgré les oppositions, Laurent Saint-Martin souligne l’importance de réduire les dépenses de l’État. En cas d’échec, le gouvernement pourrait recourir au 49.3, comme l’a déjà envisagé Michel Barnier. Le ministre promet toutefois un débat constructif, espérant qu’il soit le plus calme possible.







