L’alliance des forces de gauche a failli se disloquer en raison des prises de position de La France insoumise après les agressions perpétrées par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Le chef de file de ce mouvement a adopté une approche polarisante qui, malgré les tensions un an plus tard, ne l’a pas éloigné de la scène politique.
Il y a quelques mois à peine, beaucoup voyaient le chef des Insoumis à un pas de devenir la brebis galeuse de la gauche politique. La raison principale était la position polémique de son mouvement après les événements tragiques du 7 octobre. Immédiatement après ces attaques, La France insoumise a publié une déclaration qui se distinguait par son manque de conformité avec l’émotion produite par les images de l’agression du Hamas en Israël. Il n’était pas question de terrorisme dans ce communiqué, mais plutôt d’une « offensive armée », ce qui renvoyait à l’idée d’un affrontement entre deux armées régulières. Par la suite, Danièle Obono, députée insoumise, a qualifié le Hamas de « mouvement de résistance » et Jean-Luc Mélenchon a même été accusé d’antisémitisme à cause de plusieurs de ses tweets.
Un fossé à gauche
Au sein de la coalition Nupes, il y a eu une véritable fracture. Le Parti socialiste et les communistes ont rompu leur collaboration avec LFI, le parti a été fortement critiqué, et les partisans de Macron l’ont écarté de l’« arc républicain ». « Nombreux étaient ceux qui voulaient faire tomber Jean-Luc Mélenchon, se souvient un adepte des Insoumis, mais on voit bien qu’ils n’ont pas réussi ». Ironiquement, c’est la dissolution qui a permis à La France insoumise de sortir de son isolement, donnant naissance à une nouvelle alliance électorale de la gauche, appelée le Nouveau front populaire.
Depuis cet épisode, les leaders des partis de gauche gardent leurs distances, ce qui donne l’impression d’un Mélenchon isolé dans cette nouvelle coalition. Sa voix se fait moins entendre, les Insoumis ont perdu plusieurs députés et le Parti socialiste a regagné du terrain. Toutefois, aucun responsable du Nouveau front populaire n’a affronté la déclaration du chef insoumis incitant à « mettre des drapeaux palestiniens partout » dans les universités, en réaction à une circulaire officielle.
La position incontournable de Mélenchon
Devant ce manque de réaction, la gauche répond qu’« On ne va pas commenter chaque mot de Jean-Luc Mélenchon ». Cependant, beaucoup s’interrogent sur une possible dissolution dans les neuf mois à venir. Selon plusieurs prédictions, une gauche divisée pourrait s’effondrer. Il faudra donc faire avec La France insoumise et son leader, qui, selon un élu des Verts, par ses positions sur le Proche-Orient, est devenu indispensable à la gauche.
En mettant Gaza au centre de ses préoccupations politiques, Jean-Luc Mélenchon s’assure un « joker absolu », d’après cette même source. Pour les forces de gauche, « ne pas être avec LFI revient, d’après elle, à être considéré comme pro-Israël, pro-colonialiste ». Cela rend ardu pour la gauche de se défaire de l’ancien candidat à la présidentielle, même si sa popularité diminue progressivement dans les sondages. Voici comment un collègue proche de Marine Tondelier, numéro un des écologistes, résume cette équation insoluble : « LFI perd son aptitude à gagner, mais il est impossible de l’emporter sans LFI ».