Bien que Gabriel Attal et son équipe parlementaire aient pu être des alliés naturels pour Michel Barnier, les rapports entre le nouveau chef du gouvernement et celui qu’il a remplacé sont tendus, voire très distants.
La tension entre Gabriel Attal et Michel Barnier était déjà palpable depuis quelque temps. Elle s’est intensifiée lors de leurs discussions au sein de l’Assemblée nationale, pendant la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre.
Acte 1 : La déclaration de politique générale de Michel Barnier a eu lieu le mardi 1er octobre. Durant son allocution, le Premier ministre fraîchement nommé ne mentionne à aucun moment le nom de son prédécesseur, Gabriel Attal. « Ce manque de courtoisie est surprenant, cela va à l’encontre des traditions républicaines », souligne un député affilié à la majorité présidentielle.
Acte 2 : L’intervention de Gabriel Attal a lieu le même jour. Il avertit Michel Barnier : « Avec vous et votre gouvernement, nous souhaitons établir une relation de confiance forte. Une confiance qui ne se décrète pas mais qui se bâtit au fil du temps. Aucun soutien ne peut être automatiquement acquis. » Le message est clair : la confiance n’est pas encore instaurée.
Acte 3 : Michel Barnier s’adresse aux différents groupes politiques, mais il transmet un message spécifique à Gabriel Attal. « Je vous encourage vivement à apporter des propositions concrètes pour réaliser des économies supplémentaires, afin de combler le déficit budgétaire que j’ai découvert à mon arrivée. » Gabriel Attal serre les lèvres. Les rires et les applaudissements se font entendre parmi les députés de gauche. Michel Barnier ajoute : « Il est essentiel que vous vous habituiez à ce que je m’exprime avec franchise ». Un député socialiste commente : « Il a su remettre Attal à sa place. Après tout, ce déficit, c’est à lui qu’on le doit ».
Un style qui déplaît aux partisans de Macron
« Il s’adresse à Gabriel Attal comme il pourrait s’adresser à Mathilde Panot. Finalement, on dirait que la seule personne à qui il ait adressé des mots agréables, c’est Marine Le Pen », se lamente un député du groupe Renaissance. « Je ne comprends pas pourquoi Michel Barnier adopte cette attitude. Nous lui avons manifesté notre intention de le soutenir », explique un dirigeant du groupe de l’EPR. « Ces petites piques ont tendance à tendre notre groupe. Cela donne le sentiment qu’il joue à un jeu dangereux avec un élastique ». Un autre député met en garde : « Il ferait mieux de se méfier, car cela pourrait bien finir par se retourner contre lui ».
Dans l’entourage de Michel Barnier, on minimise la situation. « Il n’y avait aucun souhait de lancer une pique. Il sera malvenu de surinterpréter ses propos », affirme un proche du Premier ministre. Un autre renchérit : « C’est simplement le ton habituel de Michel Barnier ». Ce n’était qu’un « moment de franchise », selon lui.