Confronté à une situation financière affectée, le président de Domia Group (qui inclut Shiva et Acadomia, entre autres), opérant dans le secteur des services à domicile, souligne que les subventions accordées aux entreprises permettent de proposer des prix compétitifs, empêchant ainsi le recours au travail non déclaré.
Maxime Aiach occupe le poste de président de Domia Group, un groupe majeur dans le secteur des services à la personne, englobant notamment les entreprises Shiva, spécialisée dans le ménage à domicile, et Acadomia, reconnue pour ses cours à domicile. Ce secteur se compose en grande partie de métiers souvent peu qualifiés et rémunérés au niveau du Smic. Actuellement, le projet de loi de finances fait l’objet de débats à l’Assemblée nationale et propose de réduire les exonérations de cotisations, lesquelles soutiennent présentement ces emplois à faibles salaires.
Quel est l’impact des réformes sur l’emploi selon le patronat ?
42mag.fr : Le président du Medef exprime une vive inquiétude, estimant que de multiples emplois sont menacés. Est-ce une exagération ou une réalité ?
Maxime Aiach: Je vais partager mon expertise concernant notre secteur. Dans notre domaine d’activité, en particulier chez Shiva, qui diffère quelque peu de l’approche d’Acadomia dans l’enseignement, nous offrons des rémunérations plus élevées aux employés.
« Il est crucial de bien rémunérer nos collaborateurs, car sinon, ils risquent de se tourner vers le travail clandestin, ce qui n’est pas favorable pour nos entreprises. »
Maxime Aiach, président de Domia Groupà 42mag.fr
Dans nos enseignes, les salariés perçoivent en moyenne 20 à 25 % de plus que le Smic, ce qui reste peut-être insuffisant, mais qui nous positionne au-delà du salaire minimum.
Conséquences possibles de la réduction des exonérations de cotisations
La baisse envisagée des exonérations dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pourrait-elle impliquer une diminution des salaires ou menacer des emplois ?
Il est vrai que dans notre secteur, toute augmentation des coûts de revient se répercute, au moins en partie, sur le prix de vente. Une hausse des prix pourrait entraîner une baisse de la demande et par conséquent une diminution des recrutements. Je suis donc opposé à toute mesure susceptible d’accroître les coûts de revient. Actuellement, nous supportons une charge fiscale et sociale conséquente. Il serait plus judicieux, bien que cela soit sans doute plus complexe, de réduire les dépenses plutôt que d’augmenter les taxes, les impôts et les charges sociales.
Le risque d’une baisse des recrutements et des augmentations salariales
Les entreprises pourraient-elles réduire leurs recrutements et maintenir les salaires sans augmentation ? Le risque évoqué par le Medef est-il fondé ?
Il est indéniable qu’il existe un risque, comme le souligne le Medef. Cette situation dépend largement des capacités financières des consommateurs.
« Notre clientèle n’est pas la haute bourgeoisie, ni les clichés du 16ᵉ arrondissement de Paris. »
Maxime Aiach, président de Domia Groupà 42mag.fr
Nous servons une large variété de clients, avec près de 4 millions de personnes utilisant nos services pour la garde d’enfants, l’assistance aux personnes âgées et l’entretien ménager. Nous observons que, grâce à l’effet du crédit d’impôt instantané, de plus en plus de personnes modestes recourent à nos prestations.
Les crédits d’impôt : un soutien essentiel
Le montant du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile atteint 6 milliards d’euros par an. N’est-ce pas suffisant ?
Il est vrai que ce montant est considérable.
Cependant, vous demandez une réduction des dépenses publiques alors que les exonérations de cotisations s’élèvent à 75 milliards d’euros. Où fixez-vous vos priorités ?
Je soutiens le maintien du statu quo, car il s’avère efficace pour tous. Si l’on prend du recul, on réalise que ce secteur bénéficie de soutien. Toutefois, il est crucial de comprendre ce que représenterait l’alternative : ce serait un retour à un travail dissimulé non régulé.
« Le système d’aides a considérablement réduit le travail au noir en France. »
Maxime Aiach, président de Domia Groupà 42mag.fr
Les aides rendent le travail officiel aussi compétitif que le travail clandestin. Actuellement, après application du crédit d’impôt, une heure de ménage coûte environ 14 euros nets, un tarif équivalent à celui du travail non déclaré, encourageant à choisir des services comme ceux de Shiva.
Soutien au crédit d’impôt et vision de l’avenir
Êtes-vous satisfait que le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile ne soit pas remis en cause ?
J’ai eu peur que des modifications soient apportées. Nous avons créé et continuons de créer 400 000 emplois, ce qui est significatif. Nous apportons plus de valeur économique que ce que nous coûtons. Même s’il reste possible d’améliorer certaines choses et de corriger certains abus, ce système est une réussite française et il mérite d’être salué.
La réduction des exonérations de cotisations est-elle un compromis acceptable si le crédit d’impôt est maintenu ?
C’est une concession acceptable, mais pas une solution idéale.
Proposition d’une alternative par le ministre de l’Économie
Le ministre de l’Économie Antoine Armand a suggéré une alternative dans Les Échos : remplacer partiellement la réduction des exonérations de cotisations par la suppression d’un jour férié. Que pensez-vous de cette idée ?
Je partage le constat du ministre : nous ne travaillons pas assez pour produire des richesses suffisantes. Travailler davantage est favorable et je soutiendrais volontiers la suppression d’un jour férié.
Préférez-vous cela plutôt qu’une réduction des exonérations de cotisations ?
Oui, absolument.
Retrouver l’équilibre des finances publiques
Dans une tribune pour L’Opinion, vous avez prôné le rétablissement des finances publiques avec d’autres dirigeants. Quelle est votre recommandation ? Si l’on ne réduit pas les aides aux entreprises, que faut-il faire ?
Nous vivons dans un pays où la pression fiscale et sociale est de 56 %, ce qui est élevé. La première mesure à prendre est de réduire les dépenses, comme le suggèrent les rapports de l’Institut Montaigne.
Pouvez-vous donner un exemple concret ?
Dans notre domaine, il est important de favoriser l’emploi. Beaucoup de personnes travaillent peu, en raison de barrières sociales. Actuellement, très peu d’employés travaillent plus de 15 heures par semaine car, au-delà de ce seuil, ils perdent certaines aides.
Préconisez-vous alors de revoir certaines prestations sociales ?
Il serait judicieux de revisiter ces seuils pour qu’un travail accru se traduise par des revenus nettement supérieurs.