En 2021, Ouissem Belgacem, qui a jadis évolué dans le monde du football professionnel, a pris position contre l’homophobie dans ce sport avec la publication de son ouvrage « Adieu ma honte ». Trois ans se sont écoulés depuis, et il constate avec désillusion que, bien qu’il ait participé à de nombreuses discussions et événements consacrés à ce problème, les chants à caractère homophobe continuent à résonner dans les stades.
Les manifestations d’homophobie résonnent toujours dans les enceintes sportives. Tel est le constat désabusé d’Ouissem Belgacem, ancien joueur du Toulouse FC, qui a révélé son homosexualité en 2021. « J’ai l’impression d’avoir tout donné : un livre, une série documentaire qui en découle, des dizaines de conférences, et cela continue », déclare-t-il, plein de résolve.
Il connaît bien ces insultes : « Dire ‘sale pédé’ ou ‘enc…’, ça fait mal, cela dégrade une pratique intime pour beaucoup de personnes homosexuelles. Ces supporters ne peuvent plus prétendre ignorer l’impact de leurs mots. Ils savent qu’ils sont homophobes, ils persistent et cela ne les dérange pas », explique-t-il en dénonçant une société qui tolère encore cette haine ordinaire et débridée.
Un combat face à l’inaction des autorités sportives
Depuis que son histoire a été mise en lumière, ce Franco-tunisien visite les clubs et les centres de formation pour sensibiliser à la lutte contre l’homophobie. Toutefois, il regrette le manque d’actions des dirigeants sportifs. « Je ne collabore ni avec la LFP [Ligue de football professionnel], ni avec la FFF [Fédération Française de Football]. J’ai eu quelques discussions avec eux, mais elles n’ont jamais vraiment abouti. Je ne ressens pas leur sincérité », confie-t-il, déçu. Bien que des mesures existent, comme la charte LFP contre l’homophobie signée en 2008 ou le protocole de la FIFA, elles sont appliquées de manière hésitante, permettant aux comportements homophobes de perdurer dans les gradins.
Maintenant installé à Paris, l’ancien joueur a échangé ses crampons contre une carrière dans les arts. Écrivain, musicien et réalisateur, il s’inspire de ses blessures pour ses créations. « J’écris pour vivre, que ce soit à travers des livres, des projets audiovisuels ou de la musique. C’est l’opposé de ce qu’on m’a enseigné quand j’étais athlète, où l’on devait montrer de la force. Aujourd’hui, je dois plonger dans mes vulnérabilités. Rien n’est plus universel que l’intime », conclut-il.