Lundi, lors de la journée internationale dédiée à la lutte contre les violences à l’encontre des femmes, Michel Barnier a dévoilé un ensemble de nouvelles initiatives. L’une de ces mesures prévoit que l’Assurance maladie prenne en charge les frais liés aux kits de détection. Mais en quoi consistent précisément ces kits ?
Le lundi 25 novembre, Michel Barnier, Premier ministre, a annoncé une série de mesures à l’occasion de la journée internationale consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. Parmi celles-ci, la mise en lumière de la problématique de la soumission chimique, un thème central dans le cadre du procès concernant les agressions sexuelles de Mazan et de Gisèle Pelicot.
Un des axes majeurs du Premier ministre consiste à « tester le remboursement par l’Assurance maladie des kits de dépistage pour identifier les cas de soumission chimique chez les potentielles victimes ». Cette initiative doit être déployée dans « certains départements », bien que le calendrier précis reste à établir.
1 Qu’est-ce que la soumission chimique ?
D’après l’association #MendorsPas, fondée par Caroline Darian, fille de Gisèle Pelicot, ainsi que le Crafs (Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances), la soumission chimique se définit comme « l’action de donner à une personne une substance à son insu pour commettre un abus, de manière qu’elle ne puisse ni s’en rendre compte ni réagir”.
Dans le procès Pelicot, environ cinquante hommes sont poursuivis pour avoir agressé sexuellement Gisèle Pelicot après qu’elle ait été droguée à son insu par son mari, Dominique Pelicot.
2 Pourquoi utiliser un kit de détection ?
Ce kit est conçu pour « fournir une preuve tangible » aux victimes qu’elles ont effectivement été droguées, comme l’a expliqué Sandrine Josso, députée MoDem, lors d’une intervention sur 42mag.fr. En effet, ce type de preuve est souvent absent dans les cas où les femmes soupçonnent avoir subi une drogue et une agression. « Il arrive qu’il soit trop tard pour prouver la drogue ingérée et il est crucial de savoir comment rassembler les preuves« , ajoute la députée.
Sandrine Josso parle en connaissance de cause. En novembre 2023, elle a porté plainte contre le sénateur Joël Guerriau, qu’elle accuse de l’avoir droguée chez elle. Depuis, ce sénateur est mis en examen pour « administration de substance » en vue de réaliser « un viol ou une agression sexuelle », sous contrôle judiciaire.
« J’ai eu la chance d’être à l’Assemblée nationale quand c’est arrivé, et j’ai partagé cela avec un collègue député qui m’a conseillé de faire des prises de sang immédiatement »
Sandrine Josso, députée Modemsur 42mag.fr
Depuis cet incident, Sandrine Josso, aux côtés de la sénatrice RDSE Véronique Guillotin, conduit une mission gouvernementale pour combattre « la problématique de la soumission chimique”.
3 Où se procurer le kit et que contient-il ?
Disponible en pharmacie, le kit se délivre sur présentation d’une ordonnance médicale.
Il se compose de récipients pour recueillir des échantillons d’urine, des informations utiles et des instructions d’utilisation. « Son but est d’offrir aux victimes un parcours de soins dirigé et un accès à la preuve : les inciter à réaliser les bons gestes, se rendre aux endroits appropriés. Garantir que vos analyses de sang, d’urine et si besoin, de cheveux, soient interprétées par des experts en toxicologie », explique Sandrine Josso.
Ce kit sert ainsi à simplifier la détection des cas de soumission chimique. En effet, ces tests ne sont habituellement accessibles que dans les hôpitaux des grandes agglomérations ou certains laboratoires. « Si cela s’était produit dans ma circonscription, à La Baule ou à Guérande, je n’aurais eu aucun recours », confie la députée.
Actuellement, ces tests ne peuvent être remboursés que si la victime a déjà déposé plainte, selon le Conseil national de l’ordre des médecins. « Les victimes de soumission chimique se manifestent rarement, partiellement à cause de l’amnésie que peut provoquer la substance. Divers facteurs rendent le dépôt de plainte particulièrement complexe et soulignent l’importance d’un dépistage accessible et sans condition de ressources », indique l’Ordre. Le fait que l’Assurance maladie prenne en charge le kit, sans autre condition que la prescription, pourrait inciter davantage de victimes à s’en servir.
Une campagne de sensibilisation à la soumission chimique sera lancée, menée par l’association #MendorsPas en partenariat avec l’Ordre des pharmaciens.
Cette nouvelle plateforme proposera « des conseils et une orientation vers des laboratoires pour savoir quoi faire avec vos échantillons de cheveux, de sang ou d’urine », a déclaré Salima Saa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes, sur 42mag.fr, le lundi 25 novembre.