Les magnats internationaux hésitent à investir en France, principalement en raison de l’instabilité politique du pays, selon une nouvelle enquête menée auprès de 200 dirigeants d’entreprises à capitaux étrangers.
Après plusieurs années au cours desquelles la France est devenue la première destination européenne pour les nouveaux sièges sociaux, centres de recherche et usines, le vent, selon les conclusions du cabinet de conseil EY, semble s’inverser.
Un baromètre de l’attractivité de la France, réalisé entre le 3 et le 21 octobre, a révélé que 118 des patrons ont déclaré que le paysage politique tendu qui a suivi les élections législatives anticipées de l’été dernier rendait difficile l’élaboration d’un plan d’affaires.
Près de la moitié d’entre eux craignaient que les affrontements politiques n’entraînent un ralentissement des réformes visant à réduire les formalités administratives et ils s’inquiétaient également de savoir si l’emploi des travailleurs coûterait plus cher.
« Les dirigeants comptent toujours sur la France, notamment pour investir dans l’innovation et les services », indique le rapport. « Mais ils sont plus réservés quant à l’implantation d’usines et de sièges sociaux en France. »
Importance
En France, selon l’Insee, 17 500 entreprises sont sous contrôle étranger et emploient 2,2 millions de personnes, soit 13 pour cent de la main-d’œuvre salariée.
« Les entreprises à capitaux étrangers constituent l’un des principaux moteurs de notre économie et de celle de nos régions », indique le rapport.
Cependant, les chercheurs de l’enquête ont découvert que même si la grande majorité des patrons n’envisageaient pas d’investir davantage dans des projets en France cette année, plus de la moitié prévoyaient de financer des projets de recherche et développement dans le pays jusqu’en 2027.
Les chefs d’entreprise préviennent que, alors que la France est devenue politiquement fragile, le gouvernement travailliste britannique récemment élu, avec sa large majorité parlementaire, offre un environnement plus stable pour l’investissement.
Quatre-vingt-quatre patrons ont déclaré que la Grande-Bretagne semblait plus attractive que la France, tandis que 58 n’étaient pas d’accord. Cependant, ils étaient tous unis dans leur négativité à l’égard de l’Allemagne.
Confiance
« Après une période de constance qui a restauré la confiance, la France doit se montrer sensible aux critiques sur sa stabilité, sa fiscalité, son coût du travail et ses ambitions écologiques », indique le rapport.
Le rapport d’EY intervient six mois seulement après que le forum Choose France de Versailles ait dégagé un montant record d’investissement de 15 milliards d’euros, pour 56 projets.
Mais le rapport ajoute : « Depuis, et face aux changements profonds de la gouvernance politique et aux incertitudes qui en résultent, des questions sur l’attractivité de la France sont régulièrement posées par les entreprises, les acteurs publics et les médias. »
Les patrons affirment qu’ils souhaitent que le gouvernement poursuive ses efforts visant à réduire l’impôt sur les sociétés et à réduire la bureaucratie liée à la création d’une entreprise.
Ils souhaitent également que les autorités simplifient les règles et accélèrent les délais d’attribution des sites industriels. Il y a également un appel à des lignes directrices plus claires sur les programmes environnementaux autour des usines.
Le rapport ajoute : « Les dirigeants soulignent également quatre défis à long terme – l’innovation, l’énergie, le soutien aux petites et moyennes entreprises et la réindustrialisation – qui témoignent d’une volonté de continuité dans le cours économique de ces dernières années. »