Dans une interview accordée à « Ouest-France », le Premier ministre a exprimé son désir de calmer les tensions, tout en montrant clairement sa détermination.
Les tensions autour des enjeux agricoles et économiques, ainsi que la perspective d’une éventuelle censure parlementaire, dessinent pour Michel Barnier un automne particulièrement délicat. La stratégie du Premier ministre, consistant à apaiser chacune des factions de sa coalition, se heurte à des ambitions présidentielles exacerbées par les divisions existantes. Néanmoins, dans une interview publiée le vendredi 15 novembre dans le journal Ouest-France, Michel Barnier affirme : « Je cherche à instaurer du calme et du respect partout. Le respect n’est pas un simple mot, c’est une condition essentielle pour réussir ».
Soixante-dix jours après son arrivée à Matignon, Michel Barnier reste imperturbable, déterminé à être perçu comme tel. Au cours de cet entretien détaillé, il exprime son désir constant d’apaisement, malgré les turbulences. À titre d’exemple, les collectivités locales, à qui l’on demande d’accepter des efforts budgétaires supplémentaires, protestent contre ce qu’elles qualifient d’asphyxie financière. Alors que le texte sera bientôt discuté au Sénat, le Premier ministre s’engage à apporter des « ajustements« .
Construire la confiance et le calme
Michel Barnier explique également que la réflexion sur les jours de carence est en cours tandis qu’il remet à sa place le ministre de la Fonction publique pour un tweet adressé à Elon Musk, dans lequel ce dernier est sollicité par Donald Trump pour « réformer la bureaucratie gouvernementale« . Sur la plateforme X, Guillaume Kasbarian avait partagé son envie de discuter des « bonnes pratiques » en matière de « bureaucratie excessive« . Tout en donnant la priorité à l’efficacité, Michel Barnier exprime sa confiance envers les employés du secteur public.
Il met également en avant le travail « remarquable et crucial » des enseignants, se distanciant des remarques de Nicolas Sarkozy, ancien président, qui avait suscité leur indignation en minimisant leur charge de travail.
Le désir d’apaisement se fait encore sentir, cette fois envers les soignants qui avaient exprimé leurs préoccupations quant au projet de loi sur la fin de vie soumis aux débats précédant la dissolution de l’Assemblée. Michel Barnier clarifie les contours du texte qui sera présenté de nouveau au Parlement l’an prochain : les députés avaient rejeté l’idée d’exiger un pronostic vital engagé « à court ou moyen terme » pour accéder à l’aide active à mourir. Il souhaite un retour à plus de précision afin d’éviter toute ambiguïté concernant les maladies chroniques.
Usage « probable » du 49.3
Tout en cherchant à apaiser, Michel Barnier indique clairement qu’il envisagera « probablement » l’utilisation de l’article 49.3 pour faire adopter le Budget. « Lorsque j’observe ce qui s’est déroulé à l’Assemblée, il semble difficile de procéder autrement au terme des discussions« , confie le Premier ministre dans le journal Ouest-France, suite au rejet des députés de la section « recettes » du projet de loi.
Il s’engage cependant à prendre en considération des idées issues de tous les groupes en principiellement soutenant le projet. C’est un message adressé à l’équipe de Gabriel Attal d’Ensemble pour la République, qui s’efforce de minimiser les charges pesant sur les entreprises, alors que les Républicains ont obtenu satisfaction sur les questions liées aux retraites. Michel Barnier n’exclut pas non plus de reprendre certains amendements du Nouveau Front populaire à condition de préserver l’équilibre du projet de loi de finances. Même si la main reste décontractée, elle est tendue aux socio-démocrates, en particulier au PS.
Enfin, l’utilisation du 49.3 peut entraîner une motion de censure immédiatement après. Le Premier ministre reste serein : son gouvernement pourrait tomber, mais il ne pense pas « que les citoyens le souhaitent ». Le message implicite est clair : en cherchant à maintenir la paix, s’il est mis en difficulté par ses opposants, ce sera aux yeux de l’opinion publique que ces derniers devront rendre des comptes.