Le Rassemblement National semble plus que jamais prêt à renverser le cabinet dirigé par Michel Barnier, en apportant son soutien à une motion de censure. Cette situation provoque une véritable onde de choc parmi les partenaires politiques du Premier ministre, mais l’inquiétude dépasse ce cercle restreint. De son côté, le Nouveau Front populaire n’a pas encore défini de stratégie commune pour les étapes suivantes.
Au cours de l’été dernier, le Nouveau Front populaire (NFP) a réussi, non sans difficulté, à s’accorder sur un choix pour le poste de Premier ministre en la personne de Lucie Castets. Malgré cela, les leaders de ce mouvement ont déclaré unanimement dans Le Monde, le jeudi 21 novembre, qu’ils seraient prêts à voter une motion de censure si le Premier ministre utilisait l’article 49.3 pour faire passer le budget. En revanche, la suite des événements reste incertaine s’il advenait que le gouvernement dirigé par Michel Barnier doive tomber.
Bien que l’apparence donne l’impression d’une union face aux défis budgétaires, le NFP ne s’est jamais véritablement structuré au sein de l’Assemblée nationale. À titre d’exemple, il n’existe pas d’intergroupe, une demande pourtant formulée par Cyrielle Châtelain, qui préside les députés écologistes. Chaque jeudi matin, les leaders des quatre partis principaux – les socialistes, les communistes, les écologistes et La France insoumise – discutent en visioconférence avec Lucie Castets. Cependant, ils ne sont plus tous d’accord pour continuer à soutenir leur ancienne candidate à ce poste.
« L’option Lucie Castets doit être abandonnée »
Après avoir affirmé de manière répétée et convaincante que « ce sera Lucie Castets ou rien d’autre », même en l’absence d’un soutien présidentiel pour sa nomination à Matignon, il semble que « la situation a changé », admet un proche de celle qui est experte en services publics à 42mag.fr. « Il est temps de tourner la page Lucie Castets », déclare un socialiste influent. « Si nous persistons sans changer, nous risquons de nous affaiblir davantage ; il est nécessaire de renouveler notre approche ». Même Marine Tondelier, qui dirige les Verts, commence à envisager un avenir sans Castets.
Un sénateur de gauche exprime son point de vue en disant que Lucie Castets a été exploitée par les partis qui l’entourent : « Elle est devenue leur marionnette, ce qui est humainement regrettable ». Toutefois, parmi son entourage, on minimise cet aspect et on affirme qu’elle est prête à reprendre le flambeau si nécessaire. Elle a d’ailleurs proposé son aide aux chefs de partis et continue d’apporter son soutien. Par exemple, elle participera à une réunion publique à Montreuil, le mardi 26 novembre au soir, avec les élus du NFP. Mais, élément important, elle est également en recherche d’emploi et semble avoir une possibilité sérieuse en tête.
Dans l’hypothèse où Michel Barnier perdrait sa position, la gauche se retrouverait sans candidat de rechange. Sur le plan idéologique, le budget constitue une base de travail commune. Néanmoins, chaque parti se prépare séparément : les écologistes ajustent légèrement le programme du NFP. De son côté, le président des socialistes à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, élabore une proposition en cinq points – incluant des thèmes tels que la vieillesse et l’environnement – qu’il envisage de présenter à tous les partis républicains en début d’année pour sortir de cette impasse. Aucun plan commun n’émerge cependant, car le PS, réconforté par les récents résultats électoraux, nourrit désormais ses propres ambitions indépendamment de LFI. De plus, LFI se prépare seule en vue d’une potentielle présidentielle anticipée, avec Jean-Luc Mélenchon espérant soit une destitution, soit la démission d’Emmanuel Macron. Il ne s’agit donc pas tant de planifier l’après-Barnier, mais plutôt d’orchestrer ce qui pourrait suivre ensuite : la route vers l’Élysée.