Lors d’une intervention sur France Bleu Provence ce jeudi, Maître Grazzini a demandé une sanction équitable qui reflète pleinement la sévérité des infractions commises.
« Nous espérons un changement, une prise de conscience après ces effondrements, » confie Me Brice Grazzini, représentant plusieurs familles des victimes, sur France Bleu Provence, le jeudi 7 novembre, à l’occasion de l’ouverture du procès relatif à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille.
Six années après cet événement tragique qui avait suscité une vague d’indignation, le procès débute à 14 heures. Seize individus se retrouvent sur le banc des accusés à la caserne du Muy. Parmi eux figure Julien Ruas, ancien adjoint de Jean-Claude Gaudin, chargé de la sécurité des immeubles menaçant ruine. Un expert doit également répondre de ses actes, ayant jugé inutile l’évacuation du bâtiment s’écroulant le 5 novembre 2018, provoquant la mort de huit personnes. Ce procès majeur concernant l’habitat indigne est prévu pour durer six semaines.
« Donner une voix aux victimes au tribunal »
Dans la salle d’audience, les photographies des victimes seront exposées. « Pour nous, il était crucial que les parties civiles, c’est-à-dire les victimes et les personnes décédées, soient reconnues dans cette audience, car il y a toujours le risque que ce genre de procès devienne purement technique, explique l’avocat. Que le tribunal accorde une place à ces victimes est hautement symbolique. »
Les familles des victimes « attendent ce procès depuis six ans. Il a fallu faire face à une gestion pour le moins complexe de la part de la justice », déclare l’avocat, tout en reconnaissant que « ce sera difficile ».
Il souligne néanmoins que les familles n’éprouvent ni rancœur ni colère. « Il n’y a pas d’hostilité, » mais elles désirent « que cette tragédie ait un sens, » aspire-t-il à un procès « paisible, pour aller au fond des choses, dans le respect des victimes, notamment en comprenant ce qui s’est passé. De plus, nous espérons, comme c’est souvent le cas dans ces procès exceptionnels, une révision législative renforçant les règlements, » anticipe-t-il.
Pour Me Grazzini, la responsabilité des accusés est « partagée. En examinant cet épais dossier, il ressort que les accusés partagent la responsabilité et chacun d’eux, à son niveau, a contribué à la défaillance qui a conduit à l’effondrement des numéros 65 et 63 de la rue d’Aubagne. » Il poursuit : « Pourquoi les fonds alloués pour la rénovation et la consolidation de l’immeuble menaçant de s’effondrer n’ont-ils pas été utilisés ? » Me Grazzini appelle à « une sentence équitable, » qui soit « proportionnelle à la gravité de leurs manquements. » Le pire serait « évidemment » le déni, conclut-il.