Dans l’émission Tout public diffusée le lundi 9 décembre 2024, Dunia Al Dahan et Karim Serjieh, deux artistes d’origine franco-syrienne, ont discuté de la chute de Bachar al-Assad. De plus, Clémentine Charlemaine, qui fait partie du collectif 50/50, a abordé le début du procès impliquant Christophe Ruggia.
Après la chute de Bachar Al-Assad, Dunia Al Dahan et Karim Serjieh, deux artistes d’origine franco-syrienne, sont particulièrement unanimes sur leur désir de voir leur pays renaître et de se tourner vers un avenir meilleur. Dunia Al Dahan, qui a trouvé refuge en France en 2014, est l’autrice du livre Artistes syriens en exil, œuvres et récits. Elle exprime son vif intérêt à retourner en Syrie, débordant d’idées et de projets pour son pays natal. Parmi ses nombreuses ambitions figure la transformation des prisons syriennes en lieux culturels et muséaux, des initiatives qui viseraient à préserver l’histoire du pays et à témoigner des souffrances endurées sous le régime d’Assad. Pour elle, il est crucial de « montrer ce que nous avons vécu en Syrie et les raisons ayant motivé notre révolution ».
« Notre rêve à présent est de forger un pays modernisé, équitable, et émancipé. »
Karim Serjieh42mag.fr
Pour le réalisateur franco-syrien Karim Serjieh, la chute d’Al-Assad représente également l’instant pour imaginer une nouvelle Syrie. Connu pour son film documentaire Le Pacte d’Alep, qui couvre la période des premières manifestations en 2011 jusqu’à l’évasion de la ville assiégée en 2016, Karim aspire à organiser une projection de son œuvre à Alep, désormais sans crainte de représailles en raison de ses prises de position contre le régime. Il insiste sur l’impératif de diffuser le film largement, soulignant son importance pour éclairer les jeunes générations. En évoquant la Syrie sous Al-Assad comme une « prison », il souhaite inspirer espoir en affirmant que des temps meilleurs « sont en marche ».
Le livre de Dunia Al Dahan, intitulé Artistes syriens en exil, œuvres et récits (disponible chez Média pop), est à découvrir dès maintenant en librairie.
Ouverture d’un procès marquant dans l’histoire du mouvement MeToo français
Parallèlement, se tient le procès de Christophe Ruggia pour des accusations d’agressions sexuelles datant de 2001 à 2004 impliquant l’actrice Adèle Haenel, alors âgée de moins de dix-huit ans. Pendant ce temps, le collectif 50/50 organise les Assises pour l’égalité et l’inclusion dans le cinéma français au Forum des Images à Paris. Pour Clémentine Charlemaine, déléguée générale du collectif, ce procès est le point culminant des révélations qui ont déclenché le mouvement #MeToo au sein du cinéma français.
« Le cinéma porte une grande symbolique car il influence l’imaginaire collectif, d’où la nécessité cruciale d’un changement dans ces pratiques. »
Clémentine Charlemaine42mag.fr
Clémentine Charlemaine reconnaît les progrès réalisés contre les violences sexistes et sexuelles dans l’industrie cinématographique tout en admettant qu’il reste encore beaucoup à faire. Par exemple, elle mentionne la mise en place de professionnels pour accompagner les jeunes acteurs sur les plateaux de tournage, bien que leur présence ne soit pas obligatoire lors des castings ou des répétitions. Elle considère cela comme « un pas en avant, mais il y a encore des marges d’amélioration ».
Elle ajoute que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, bien que fortement médiatisée dans le cinéma, se reflète en réalité dans l’ensemble de la société car ces questions touchent aux « dynamiques de pouvoir et de contrôle ».
Une émission enrichie par la contribution des journalistes culturels Thierry Fiorile et Matteu Maestracci de 42mag.fr.