Moody’s et S&P ont averti des difficultés financières auxquelles la France pourrait être confrontée, à la suite de la désapprobation envers le gouvernement dirigé par Michel Barnier.
Moody’s considère que la chute du gouvernement de Michel Barnier représente un élément nuisible pour la réputation financière de la France. En parallèle, S&P estime que cet événement complique la situation budgétaire du pays. Alors que la deuxième plus grande économie de la zone euro est pointée du doigt par Bruxelles en raison de son déficit élevé, les agences de notation ont averti, le jeudi 5 décembre, des répercussions potentielles de cette crise politique sur la note du pays.
Dans une déclaration, Moody’s indique que cette situation diminue les chances de mener à bien une consolidation des finances publiques et aboutit à une prime de risque accrue pour les marchés, ainsi qu’à un surcoût de la dette.
Se référant à la censure du gouvernement par les parlementaires le mercredi soir, Moody’s ajoute que ce vote met en lumière un climat politique divisé en France et renforce les difficultés budgétaires qui attendent le prochain gouvernement. Un nouveau chef de gouvernement pourrait bien rencontrer les mêmes obstacles que Michel Barnier, analyse l’agence.
Des déficits qui devraient rester largement supérieurs aux seuils de l’UE
S&P, pour sa part, anticipe que la probabilité d’adopter un budget ajusté pour 2025 avant la fin de 2024 est faible. À ce stade, elle considère que le scénario le plus plausible est que les dirigeants recourent à une législation spéciale, tout en mettant en lumière des atouts de la France, tels que la diversité de son économie, la liquidité dans son secteur financier, les vastes réserves de son secteur privé, ainsi que son intégration à l’Union européenne et à la zone euro.
Le gouvernement Barnier visait à ramener le déficit public à 5 % du PIB d’ici 2025. Actuellement, Moody’s prévoit que le déficit annuel atteindra 6,3 % du PIB en 2024, 5,3 % en 2025 et 4,7 % en 2026, ce qui resterait bien supérieur aux seuils établis par l’Union européenne.
En octobre, Moody’s et Fitch avaient déjà alerté sur la situation en révisant à la baisse la perspective de la France à négative. Le 30 novembre, S&P avait maintenu la note « AA- » du pays ainsi que sa perspective stable.
Concernant l’agence Scope Ratings, elle a réduit à l’automne la note de la France à « AA- » avec perspective stable. Elle estime que, désormais, la censure de Michel Barnier perturbe la mise en œuvre du plan budgétaire pluriannuel de la France ainsi que son programme de réformes.