Le premier gouvernement néo-calédonien dirigé par un leader indépendantiste est tombé après la démission mardi de membres du mouvement loyaliste Calédonie Ensemble, sur fond de crise économique et sociale exacerbée par les récentes émeutes.
Dans une lettre de démission adressée à Louis Mapou, président indépendantiste kanak de Nouvelle-Calédonie, consultée par l’AFP, Calédonie Ensemble fait état de désaccords avec le chef du gouvernement, notamment sur le plan de financement de la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie suite aux événements violents qui ont débuté le 13 mai.
Calédonie Ensemble, affiliée au parti Renaissance du président français Emmanuel Macron, critique également le gouvernement Mapou, en place depuis trois ans, pour s’être transformé en un organisme indépendant.
Depuis plusieurs semaines, d’autres groupes – Pacific Awakening, Rassemblement-Républicains et Loyalistes – critiquent la politique de reconstruction post-émeute du gouvernement.
« Depuis les événements du 13 mai, (le) pays a sombré dans une profonde détresse économique et sociale. Dans de telles circonstances, l’unité entre (…) le gouvernement et le Congrès de Nouvelle-Calédonie est une nécessité urgente », indique la lettre.

« Je ne peux que constater que cela n’a pas été le cas, et je le regrette », écrit Jérémie Katidjo-Monnier, qui a démissionné de son poste de membre du gouvernement calédonien.
Ce gouvernement était le 17e dans l’archipel du Pacifique Sud depuis l’accord de Nouméa de 1998, qui prévoyait le transfert de certains pouvoirs de l’État aux hommes politiques locaux.
Le gouvernement calédonien est nommé par les membres du Congrès au scrutin de liste. Lorsqu’un membre du gouvernement démissionne, la personne suivante sur la liste prend sa place. Seule une démission collective conduit à la chute du gouvernement.
Un casse-tête pour Valls ?
La Nouvelle-Calédonie est l’une des possessions françaises d’outre-mer. A ce titre, il sera placé sous la responsabilité de Manuel Valls, qui a repris le portefeuille des territoires d’outre-mer lors du remaniement ministériel de lundi soir.
Le Premier ministre François Bayrou a annoncé que l’ancien socialiste devenu partisan de Macron avait été choisi pour son expertise sur la Nouvelle-Calédonie et, plus largement, pour son expérience de la gestion de crise.
Dans la composition du nouveau gouvernement, Valls était présenté comme le numéro trois, après Bayrou et la ministre de l’Education Elisabeth Borne.
Il est entendu que la position de Vall enverra un signal fort aux territoires d’outre-mer sur leur importance.
Macron a été critiqué pour sa négligence des régions et sa lenteur à réagir aux crises. Les violences en Nouvelle-Calédonie au printemps dernier ont été suivies par le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, territoire de l’océan Indien.
« Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze, j’aime les personnalités audacieuses », a déclaré Bayrou lors d’un entretien à BFM-TV juste après l’annonce de la composition de son nouveau cabinet.